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10 août 2022
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Dior se renforce en Italie avec sa première usine de souliers pour homme

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10 août 2022

Christian Dior nourrit de grands projets pour la Péninsule. La griffe vedette de LVMH, dont les ventes n’ont cessé de croître ces dernières années, est en train de renforcer ses capacités productives dans ce pays à travers des partenariats avec les fabricants locaux, mais aussi en y implantant de nouvelles structures, telle sa première usine consacrée aux chaussures pour homme et aux sneakers, qui devrait voir le jour en septembre à Fossò, en Vénétie, juste en face de son site dédié aux souliers féminins.
 

Grande partie des souliers de la griffe sont réalisés à la main dans son usine de Fossò - Dior


C’est dans les années 1990 que le groupe de luxe décide de déployer une partie de sa production en Italie. La démarche aboutira en 2003 au rachat de Rossimoda, prestigieux fabricant de souliers haut de gamme, situé près de Padoue, dans le district de la chaussure de luxe italienne, la célèbre Rivière du Brenta s’étendant jusqu’à Venise. L’entreprise est intégrée à la division Mode & Maroquinerie de LVMH et produit aujourd’hui les collections de chaussures de Givenchy, Celine et Pucci, les plus grandes maisons du groupe s’étant dotée entretemps de leur propre manufacture.

A l’instar de Dior, qui a choisi Fossò, cette même région vénitienne, pour inaugurer en 2015 son usine, où 170 personnes s’activent aujourd’hui à développer et fabriquer, dans la plus pure tradition de la haute couture, les souliers féminins les plus sophistiquées de la marque, en particulier les prototypes pour les défilés et pour les showrooms.

A l’abri des regards indiscrets, dans les bureaux silencieux de la manufacture, qui ouvrira ses portes les 15 et 16 octobre prochains dans le cadre des Journées Particulières, les dessins de la directrice artistique Maria Grazia Chiuri et du studio y sont traduits en des produits finis. Soit des souliers, qui nécessitent près d’une quarantaine de composants différents. Ainsi les fameux escarpins J’Adior avec un ruban en guise de bribe arrière comptent 42 pièces différentes. Objet de toutes sortes de déclinaisons possibles, cette chaussure emblématique de la maison est créée dans cet atelier anonyme, où certains modèles sont personnalisés selon les volontés de leur propriétaire. Des clients y faisant même graver sur la semelle leur date de mariage !
 
Sans la moindre hésitation, un artisan dessine à main levée le modèle de la chaussure directement sur la forme de pied en bois couverte d’un papier blanc, qui sera ensuite délicatement décollé et scannérisé, pour être développé par un logiciel en dessin 3D. Toutes les mesures y sont patiemment insérées sur un patron, avec les lignes délimitant les différentes pièces qui vont composer le soulier, les coutures, les remplis, les prises de piquage, etc. Le point de départ est manuel et intègre ensuite la technologie pour accélérer le processus. Tous les modèles sont développés en quatre tailles (35, 37, 39 et 41), puis testés sur une personne réelle à différents moments de la journée pour en vérifier le chaussant et affiner la ligne de la courbe du pied, qui doit être continue englobant tous les orteils. Un passage nécessitant quatre à cinq essais.
 
Parallèlement, dans son atelier rempli de rouleaux de toutes les couleurs, la responsable pour les échantillons des matériaux doit se mettre en quête des tissus, peaux, doublures ou matières laminées, qui serviront pour développer la collection de chaussures en s’inspirant de celle des vêtements et de leur palette. C’est la course contre la montre pour être prêts à temps pour le défilé. Les trois semaines, dont elles disposaient autrefois, se sont réduites à 15-10 jours, durant lesquels il va falloir interpréter au plus juste, sans parachute, le style de la collection, passant de 18 teintes initiales à trois couleurs essentielles, tout en s’assurant de l’approvisionnement auprès des fournisseurs.


L'usine de souliers de Fossò sera bientôt couplée à un autre site - Dior

 
Une fois les peaux sélectionnées et achetées, leur qualité est contrôlée par les experts de la maison, qui les tirent dans tous les sens et y indiquent au crayon d’éventuels défauts, avant d’y esquisser les morceaux à découper. Plus loin, le morceau de cuir est coupé, collé au talon, puis cousu à la main. Le geste est précis, minutieux, rapide et décidé. Réunie au centre d’une grande salle au milieu des machines, des petites mains en blouse blanche exécutent les ultimes finissages, aiguille à la main, vérifiant les ornements de certains modèles précieux. Là où le besoin s’en fait sentir, elles cousent les perles lilliputiennes manquantes ou encore des mini strass. Depuis deux ans, Covid oblige, la direction a fait le choix de la polyvalence laissant la possibilité à ses artisans d’effectuer différentes tâches. Une manière aussi de rendre le métier plus diversifié et attractif auprès des jeunes.
  
La marque dispose dans la région, non loin de son usine de chaussure, d’un site de maroquinerie à Caselle di Selvazzano près de Padoue. D’ici à la fin de l’année, elle devrait inaugurer toujours à Padoue "un nouveau centre logistique, de distribution et de contrôle des tissus", a indiqué en mars le PDG de la griffe, Pietro Beccari, au Corriere della Sera. Le groupe souhaite créer un pôle de production intégré pour valoriser davantage ses connaissances sur le produit, maîtriser les savoir-faire, apporter de l’innovation, tout en étant encore plus réactif.
 
Avec sa nouvelle usine de Fossò, qui doit ouvrir à la rentrée, Dior veut répondre à la demande en hausse pour les souliers masculins et surtout les sneakers. La maison de couture parisienne a pris elle aussi le virage des chaussures sportives depuis quelques années, multipliant les collaborations à succès. Par exemple avec Nike, Travis Scott et plus récemment avec ERL.
 
Au côté de ces deux fabriques, Dior compte aussi dans le pays deux sites de maroquinerie à Naples, un autre à Florence et une usine de sacs à Lugagnano Val D’Arda, située entre Parme et Plaisance. A cela s’ajoute le récent atelier de fabrication de sacs inauguré fin février à Casarano dans le Salento, au fin fond des Pouilles, en partenariat avec le producteur local Antonio Filograna-Sergio. Un dispositif que la griffe de luxe compte renforcer avec de nouveaux importants projets dans la Péninsule, toujours centrés sur les sacs et les chaussures, qui devraient être dévoilés dans les prochains mois.

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