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Déjà fragilisées, les enseignes du textile sont en mode "survie" avec la pandémie de coronavirus

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26 mars 2020

Paris, 26 mars 2020 (AFP) - "Gilets jaunes", grèves, percée des ventes d'occasion et maintenant une épidémie qui leur impose de fermer leurs magasins jugés "non essentiels" : les enseignes d'habillement accumulent les difficultés depuis des mois et craignent pour leur "survie" si la situation persiste.


Le magasin Etam du quartier Haussmann à Paris. - Etam/LinkedIn


Depuis le 14 mars, tous les commerces non alimentaires ont en effet été fermés en France sur décision gouvernementale, afin de limiter les rassemblements de personnes, vecteurs de l'épidémie.

Une situation qui affecte durement les chaînes de mode. "Aujourd'hui, on a zéro recette, on ne sauvegarde que 5 % de notre chiffre d'affaires grâce au commerce en ligne, mais au global, niveau groupe, depuis qu'on a fermé nos magasins, on fait du -94 %", explique à l'AFP le cogérant du groupe Etam, Laurent Milchior, dont tous les magasins en France sont fermés.

S'ils le restent jusqu'au 10 mai, "ça va nous coûter 140 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'année", calcule-t-il, sur des ventes globales "d'un peu moins d'un milliard", alors que les "gilets jaunes" et les grèves n'ont coûté que "quelques millions d'euros".

"On parle de 55% des Français qui ne travaillent pas en ce moment (...) Ce qu'il se passe aujourd'hui n'est jamais arrivé à l'humanité depuis qu'elle est développée", estime le dirigeant, pour qui l'autre problème, "ce sont tous les stocks qu'on ne vend pas" actuellement, d'une valeur de 60 millions d'euros pour son groupe, et "qui ne seront plus de saison en sortie de crise". Mais d'ici là, souligne-t-il, "le monde va drastiquement changer".

Des facteurs qui s'accumulent



"L'arrêt complet de l'activité s'ajoute à l'accumulation des crises sociales (...): la survie de nombreuses enseignes est maintenant en jeu", a prévenu vendredi dernier l'Alliance du commerce, qui représente 27 000 magasins dans le secteur de l'équipement de la personne.

"Malgré le recours au chômage partiel et les reports habituels d'échéances fiscales et sociales, les enseignes seront très rapidement confrontées à de graves difficultés de trésorerie", avait-elle affirmé, en demandant que des "prêts nécessaires à la pérennité des entreprises" soient rapidement consentis par les banques.

Mercredi, ce sont sept fédérations majeures du commerce qui demandaient aux bailleurs l'annulation des loyers et les charges "pendant la période de fermeture des magasins" et non plus un simple report, afin "d'aller plus loin dans l'effort de solidarité".

Rappelons que cette crise s'ajoute à une désaffection croissante des consommateurs : selon les chiffres provisoires de l'Institut français de la mode (IFM), "en cumul, à la fin février, les ventes des enseignes de l'habillement membres de l'Alliance du commerce sont en baisse de 5 % (-1,6 % en cumul l'année dernière à la même date)".

L'e-commerce comme bouée de sauvetage ?



L'une des solutions peut venir de l'e-commerce. Selon le cabinet d'études de marchés Madame Benchmark, cité par le magazine spécialisé LSA, toutes les grandes enseignes de mode ont un site marchand, à l'exception de l'enseigne irlandaise Primark, qui vient de fermer tous ses magasins au Royaume-Uni.

Certaines plateformes ont en revanche fermé temporairement, comme le site d'e-commerce de La Halle (groupe Vivarte) : soit par "solidarité et mesures de sécurité vis-à-vis de nos collaborateurs et de leurs familles", comme Okaïdi ou Jacadi, soit parce que la livraison en points relais n'était plus assurée. Même Vinted, le site d'achats de vêtements d'occasion entre particuliers - l'un des facteurs de "déconsommation" touchant le secteur textile - a décidé de "faire une pause".

Pour récupérer un peu de "cash", les enseignes encore ouvertes en ligne livrent à tarif réduit : Celio, Kiabi, H&M, Gémo offrent la livraison ; les autres la proposent à moins de 30 euros d'achats.

Une "piste" qu'a prise Undiz, la marque jeune dEtam, indique Laurent Milchior à l'AFP, mais qui reste très insuffisante pour espérer tenir en trésorerie jusqu'à la fin de la crise.
 

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