Par
AFP
Publié le
3 mars 2009
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Défilés milanais : derrière le peps des défilés, le spectre du dépôt de bilan

Par
AFP
Publié le
3 mars 2009

MILAN (Italie), 3 mars 2009 (AFP) - Si la semaine des défilés milanais n'a pas manqué de peps, le spectre du dépôt de bilan a lourdement pesé sur les collections Gianfranco Ferré et Just Cavalli, sur fond de crise globale du Made in Italy qui juge sa situation financière "dramatique".


Collection automne/hiver d'Elena Miro le 16 février 2009 Photo : Damien Meyer/AFP

Habituellement réservé aux VIP, le premier rang du défilé Gianfranco Ferré a accueilli vendredi 27 février de drôles d'invités : les trois commissaires nommés par le gouvernement pour gérer IT Holding, groupe propriétaire de Ferré et qui avait été placé la veille sous tutelle en raison de ses problèmes économiques.

Cette procédure italienne, censée protéger une société de ses créanciers le temps qu'une solution soit trouvée pour assurer son avenir, avait dans un premier temps été appliquée seulement à la principale filiale d'IT Holding, Ittierre.

Un dépôt de bilan d'IT Holding entraînerait dans sa chute non seulement Gianfranco Ferré mais aussi Just Cavalli (ligne bis de Roberto Cavalli), Galliano, Versace Sport ou encore Malo, griffes gérées sous licence par Ittierre et dont l'avenir reste donc plus qu'incertain.

Mini-drame consécutif à cette crise, l'annulation 48H avant sa tenue du défilé Just Cavalli, la moitié des vêtements prévus pour la collection n'ayant pas été livrée par manque d'argent.

Sans se laisser abattre, Roberto Cavalli présentait quelques jours plus tard avec succès sa ligne principale homonyme, qu'il gère encore à 100 %, avec une collection très sexy toute en transparence et en cuissardes noires zippées.

"J'ai décidé de déclarer la guerre à la crise", a résumé le couturier toscan en présentant ses créations: "nous ne sommes pas en pleine période romantique, il faut attaquer pour gagner".


Création de Donatella Versace lors de la semaine de la mode automne-hiver 2008 à Milan - Photo : Giuseppe Cacace/AFP

Nous avons "le devoir d'être optimistes", a renchéri dans la presse Giorgio Armani, soulignant que le secteur mode avait été ces dernières années "trop euphorique et avait dépensé follement pour faire les couvertures" des magazines.

"Il faut se rendre compte que beaucoup de magasins vendent de 25 % à 40 % en moins, que de nombreuses usines ferment", a ajouté M. Armani, qui a pour sa part fait défiler des femmes "fonceuses, qui ont de la poigne".

Si la semaine de la mode a incontestablement brillé par la créativité et le savoir-faire des collections présentées, la baisse du nombre d'acheteurs présents était flagrante lors de cette édition, certaines grandes maisons de couture qui avaient organisé deux défilés peinant à remplir les sièges réservés aux clients.

Sans compter la désaffection dans le programme officiel de la Fashion Week d'une dizaine de petites griffes qui avaient renoncé à défiler cette saison.

La situation globale du secteur mode n'est pas plus rassurante : il y a "un besoin urgent et dramatique" d'aides gouvernementales pour soutenir la filière, a rappelé il y a quelques jours Michele Tronconi, président de la Fédération textile, habillement, maroquinerie, chaussures et lunettes.

A Prato, coeur de l'industrie textile italienne, quelque 8 000 personnes ont manifesté samedi pour défendre leur emploi et interpeller le gouvernement. Ce dernier a promis la semaine dernière que de premières mesures de soutien au secteur seraient "présentées d'ici à la mi-mars".

En 2008, la filière textile-mode italienne - 60 000 entreprises pour 513 000 salariés - a accusé une baisse de 3 % de son chiffre d'affaires (53 milliards d'euros), selon des données publiées vendredi.

Par Katia DOLMADJIAN

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.