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Chine : l'exploitation des travailleurs, prix du boom économique

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9 déc. 2005

PARIS, 9 déc 2005 (AFP) - Les travailleurs chinois "paient le prix fort" du miracle économique chinois, affirme l'internationale syndicale CISL dans un rapport qui met en lumière la montée des inégalités, la répression et l'exploitation effrénée des travailleurs.


Ouvrières dans une usine textile de Shenzhen

Ce rapport de 28 pages, rendu public vendredi à Hong Kong par Guy Ryder, secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), qui représente 145 millions de travailleurs à travers 234 organisations affiliées, décrit le "revers peu glorieux du prétendu miracle chinois".

Une "exploitation dramatique" est le lot de la vaste majorité des salariés, qui font des semaines de 60 à 70 heures, dorment dans des dortoirs de 8 à 16 personnes, gagnent moins que le salaire minimum de 44 dollars par mois et sont mis à la porte après un accident de travail.

Cette exploitation se fait avec "la bénédiction des autorités" qui interdisent syndicat indépendant, convention collective ou recours à la grève.

Sur le demi-million d'entreprises créées en Chine par des investisseurs étrangers depuis 1980, "seule une infime fraction offrent des conditions décentes de travail".

Car pour devenir le premier fabricant mondial, dit la CISL, la Chine a choisi un "capitalisme casino" où "s'enrichir vite est le leitmotiv du gouvernement", avec un modèle économique basé sur le démantèlement du secteur public, l'exploitation de l'environnement, l'abandon du système de protection sociale, la pression sur les travailleurs, l'interdiction des syndicats.

La plupart des produits fabriqués par la Chine sont des articles semi-finis et destinés à être transformés par une autre filiale, une firme étrangère ou un sous-traitant local, où la plus-value ajoutée par la Chine "reste modeste, et s'appuie sur des salaires très bas", note la CISL.

Or aujourd'hui détaillants et consommateurs du monde entier apprécient les "prix chinois", ce qui pousse les acheteurs étrangers à exiger sans relâche des réductions et des rendements supérieurs aux fabricants chinois.

Ces fabricants font ensuite supporter ces contraintes par les travailleurs, entraînant une +course vers le bas+, juge la CISL.

En outre, alors que dans les années 90, la croissance dépassait les 10%, la progression nette d'emplois n'a été que de 1,1% par an, du fait de vagues de licenciements dans les secteurs contrôlés par l'Etat, et la Chine affronte un problème de chômage massif.

Car la Chine a sabordé les emplois de ses entreprises d'Etat, qui bien que peu payés, s'accompagnaient d'un accès aux soins de santé, au logement, au congé de maternité et d'indemnités de licenciement, assurant une certaine stabilité sociale.

Aujourd'hui, le bond économique s'est accompagné d'un accroissement des inégalités et d'un net recul social en particulier dans les régions rurales, estime la CISL, où nombre de travailleurs sont dépourvus de couverture sociale, ou condamnés à l'économie informelle.

Cette montée des inégalités accroît le mécontentement et l'agitation sociales, ce qui pourrait compromettre la poursuite du développement et la stabilité du pays.

Pour la CISL, ces coûts humains et sociaux ne pourront que s'aggraver, car "salaires et conditions de travail sont l'objet de fortes pressions dues à des facteurs externes" tels que la hausse du coût des matières premières ou une réévaluation du yuan, exigée par les pays industrialisés.

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