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Camaïeu repris par la Financière immobilière bordelaise, avec plus de 2.600 salariés

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17 août 2020

Tourcoing, 17 août 2020 (AFP) - Le tribunal de commerce de Lille a choisi la Financière immobilière bordelaise (FIB) pour reprendre 511 magasins de l'enseigne de prêt-à-porter féminin Camaïeu et 2.659 salariés sur plus de 3.100, écartant l'offre de l'actuelle direction de l'entreprise en redressement judiciaire.


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"Le tribunal regrette amèrement la faiblesse des prix de reprise, particulièrement celle de FIB, qui a été qualifiée d'indécente lors des débats. Néanmoins, l'intérêt de l'entreprise reste sa pérennité, qui apparaît meilleure dans le projet FIB", peut-on lire dans le jugement rendu lundi et consulté par l'AFP.

La FIB, fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier commercial de l'homme d'affaires Michel Ohayon, qui a notamment acquis 22 franchises Galeries Lafayette en région en 2018, était soutenue par le comité social et économique (CSE) et l'intersyndicale CFDT-CGT-FO. Elle doit reprendre 511 magasins et 2.659 salariés, sur les 634 magasins et 3.146 salariés actuels de l'entreprise.

La FIB conservera la logistique actuelle avec le prestataire Dispéo et s'engage à garder le siège à Roubaix (Nord) et le bâtiment logistique pendant cinq ans.

"Il y a moins de casse", soulignait Omar Rahni, représentant CGT au CSE. "Et puis, comment soutenir une équipe dirigeante qui coule la boîte, la met en redressement, bénéficie des aides de l'Etat, voit l'ardoise effacée et en profite pour fermer des magasins et licencier?"

Le tribunal a donc écarté la deuxième offre, portée notamment par l'actuel PDG de l'entreprise, Joannes Soënen, et trois fonds déjà actionnaires (GoldenTree, CVC et Farallon), soutenus par le syndicat maison majoritaire (38%) Unis pour agir ensemble.

Elle prévoyait de garder 2.520 emplois et de reprendre 446 magasins, dont 43 sous l'enseigne de prêt-à-porter féminin de la galaxie Mulliez, Grain de malice.

Mais le tribunal a souligné que "nulle reprise ne peut réussir sans le soutien des équipes et des salariés. Force est de constater que même si les fautes antérieures ne peuvent leur être reprochées, l'équipe dirigeante (actuelle) n'a pas su ou pas pu acquérir et conserver la confiance du personnel".

Le 24 juillet, à l'issue de l'audience, tendue, Joannes Soënen avait assuré avoir "un plan bien identifié, une feuille de route claire" pour que Camaïeu "puisse se dynamiser pour les dix prochaines années".

"Une victoire du droit"



"C'est une victoire d'une entreprise, c'est aussi une victoire du droit", a réagi lundi auprès de l'AFP l'avocat de la FIB Olivier Pardo, qui souhaite que Camaïeu "redevienne l'immense entreprise qu'elle a été".

L'actuelle direction, sollicitée par l'AFP, ne comptait pas réagir à la décision du tribunal lundi matin.

Interrogées par l'AFP, les différentes parties n'avaient fait aucun pronostic, assurant que chaque offre avait 50% de chance de l'emporter. Les différents membres du tribunal étaient eux-mêmes partagés lors de l'audience.

Fondée en 1984, Camaïeu a été placée en redressement judiciaire le 26 mai, "lourdement impactée par la crise sanitaire et faute d'un prêt garanti par l'Etat qui lui aurait permis de surmonter" cette situation, selon une source proche de la direction.

Début mars, "l'entreprise avait commencé à mettre en oeuvre son plan de transformation et un accord de financement était sur le point d'être conclu avec les actionnaires et les banques".

Mais "la crise sanitaire a obligé le groupe à fermer brutalement plus de 800 magasins dans le monde", entraînant un "manque à gagner de 162 millions d'euros", précisait cette source.

CFDT-CGT-FO et des syndicats des filiales belge et luxembourgeoise disaient eux avoir la "profonde conviction" que "dès le mois de mars, tout était organisé" pour "passer par une faillite et non par un plan social négocié". Ce que la direction réfute.

Fin 2018, la société avait été reprise par ses créanciers après une procédure de sauvegarde. En 2016, elle avait déjà négocié avec ses créanciers pour que la moitié de sa dette, qui s'élevait alors à un milliard d'euros, soit convertie en actions.

Par Julia Pavesi

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