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Paul Kaplan
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26 févr. 2023
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Bottega Veneta: la culture du Carnaval

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Paul Kaplan
Publié le
26 févr. 2023

Un véritable carnaval mêlant culture, élégance et puissance artistique au défilé organisé samedi soir par Bottega Veneta, le seul et unique show à ne pas rater à Milan ces derniers jours.


Bottega Veneta - Fall-Winter2023 - 2024 - Womenswear - Italie - Milan - © ImaxTree


 
Un assemblage de looks extrêmement individualisés, portés par une cabine de mannequins cosmopolite — dont beaucoup de non-professionnels. Le tout présenté avec une belle énergie sur un podium où figuraient des statues italiennes uniques. Le célèbre personnage impétueux de Boccioni, "L'homme en mouvement", et deux statues en bronze du 1er siècle avant J.-C. représentant des adolescents en train de courir.
 
Mais surtout, un commentaire visuel de Matthieu Blazy sur les caractéristiques du "power dressing" à un moment où la grande époque de ce courant de mode, les années 90, revient en force: "J'aime l'idée d'un carnaval, où les gens avancent tous dans la même direction. Vous ne savez pas où ils vont, mais ils marchent ensemble", explique le designer cérébral qui dirige Bottega Veneta.

Résultat: une sélection de vêtements étonnamment hétéroclites, souvent confectionnés à l'aide de techniques remarquables. Tout commence par des silhouettes blanches d'une élégante simplicité — nuisettes ou robes-chemises de gentleman.
 

Bottega Veneta - Fall-Winter2023 - 2024 - Womenswear - Italie - Milan - © ImaxTree



De nombreuses vestes, des manteaux ou des vestes à col Mao semblent coupés en laine ou en coton, mais sont en fait réalisés en cuir rasé ultra-léger. Sans oublier de magnifiques pulls à col torsadé, eux aussi fabriqués selon la technique du cuir intreccio.
 
Matthieu Blazy adore les plaisanteries de connaisseurs, comme ses chaussettes pour hommes, qui, à y regarder de plus près, sont en cuir tressé et dotées de semelles.
 
Le noyau de cette collection, c'était la gamme de manteaux, sans doute la plus impressionnante de la saison — d'énormes manteaux d'espion en cuir noir dignes de Blade Runner, des manteaux de ville en faux alligator ou des robes de chambre en cachemire et mohair pour les hommes. Pour les femmes, des trenchs en peau de serpent rouillée, d'amples manteaux en cuir brut et un superbe manteau gris qui semblait se déployer sous nos yeux.
 
Des tailleurs aérodynamiques, d'une construction plus complexe, à la manière italienne. Des savoir-faire artisanaux étonnants: une veste verte qui ressemblait à de l'herbe tissée et non rebrodée, intégrant la technique dans le vêtement lui-même.
 
"En créant cette collection, nous nous sommes demandé ce qu'était le chic. Quand est-ce qu'on devient chic ? Quand on porte un costume, ou quelque chose qui ressemble à un costume ? Le costume n'est peut-être plus une tenue de pouvoir. Mais il faut aussi admettre que lorsque les enfants portent un costume, ils se sentent plus forts", poursuit Matthieu Blazy dans les coulisses de son défilé. Témoignant de son influence, une vingtaine de journalistes tendent leurs iPhones vers lui pour enregistrer son commentaire.
 
Sur fond de musique de parade — samba, carnavals africains, belges et fanfares — les mannequins déambulaient autour des deux statues.  "J'aime ces statues et je voulais les inviter à la parade. Nous avions envie de reconnecter l'Italie à son histoire. Aujourd'hui, la politique est très présente. Nous défendons l'idée d'un nationalisme positif. Que l'on peut se réapproprier son histoire en la revendiquant de manière positive", précise le designer d'origine belge.
 
Ce dernier, parfois, a proposé des pièces un peu plus subversives, comme cette série de pulls côtelés pour hommes, si longs qu'ils arrivaient à la cheville.
 
Pour le soir, un éventail magnifique de robes — dos nu, au genou, robes-chemises, robes bouffantes et robes de bal — à nouveau coupées dans des cuirs légers comme de la soie.
 

Bottega Veneta - Fall-Winter2023 - 2024 - Womenswear - Italie - Milan - © ImaxTree


Pratiquement tous les mannequins portaient un sac, et beaucoup en arboraient deux à la main. Des sacs seau en gros cuir intreccio, une paire de sacs à main ovales, en forme de haut-parleurs elliptiques. Et pour finir, un mannequin asiatique portant un débardeur blanc et un jean en cuir bleu, comme lors du premier défilé BV de Matthieu Blazy en février 2022.
 
"Nos trois premiers shows étaient consacrés à l'Italie, alors j'ai eu l'impression de clore un chapitre.... On baigne tous dans la même actualité: la première réponse que nous pouvons trouver c'est l'unité. Comme à un concert, une fête de village ou un défilé. C'est réconfortant. Et toutes les générations sont présentes", conclut le designer, après avoir présenté la collection la plus mémorable de la Fashion Week milanaise, pour la deuxième saison consécutive.

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