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17 déc. 2021
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Birmanie: la coalition de marques ACT suspend son activité

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17 déc. 2021

Forte d'une trentaine de marques et groupes d'habillement signataires, l'ACT (Association for Contract Textiles) réunit donneurs, fabricants et syndicats autour de l'amélioration des conditions de travail des travailleurs du textile. Opérant au Bangladesh, au Cambodge et en Turquie, la coalition vient d'annoncer la suspension de ses activités en Birmanie. Décision prise après que le syndicat international IndustyAll, signataire, a indiqué ne plus être en mesure d'opérer librement dans le pays, depuis le coup d'État militaire du 1er février dernier.


ACT



"Le Myanmar est le pays prioritaire pour ACT depuis 2018", indique l'association dans un bref communiqué. "En décembre 2021, les membres ont pris la difficile décision de cesser les opérations d'ACT au Myanmar. Ceci est une conséquence du retrait de l'affilié syndical local d'IndustriALL, l'IWFM (Industrial Workers' Federation Of Myanmar, ndlr), des opérations d'ACT, car il n'est plus en mesure d'opérer librement dans les circonstances actuelles. ACT évaluera son engagement potentiel futur si la situation dans le pays change".

Act compte parmi ses signataires H&M, Inditex, C&A, PVH, Primark, Esprit, New Look, Primark et Zalando. Mais également Kmart, Lidl, Next, Tesc, Evans Burton, Topshop, ou encore Miss Selfridges. Des entreprises qui s'engagent notamment par leur signature à œuvrer pour établir dans le pays un salaire de subsistance ("living wage"), et à contribuer financièrement à l'amélioration des conditions locales de travail. Un vœu pieux mis à l'épreuve par un brutal changement de régime, qui semble s'installer dans la durée.

La junte birmane poursuit actuellement arrestation et emprisonnement des contestataires du nouveau régime. Lauréate du prix Nobel de la paix, l'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi vient ainsi d'être condamnée, lors d'un procès à huit clos, à deux ans d'emprisonnement pour incitations aux troubles publics et non-respect des régulations anti-covid. Des accusations "bidons" notamment dénoncées par Amnesty International. Pour son directeur régional Ming Yu Hah, la situation réclame une réponse internationale forte pour protéger les citoyens birmans des exactions constatées à travers le pays.

L'annonce de l'ACT pourrait sur le papier faire pression sur le régime militaire. Pas moins de 65% des exportations du pays reposeraient en effet sur le textile-habillement. Un secteur qui emploierait 1,5 million de travailleurs locaux, et est supposé rapidement passer le cap des deux millions. Le textile local a profité depuis dix ans d'une accélération fulgurante, aidé par la hausse des salaires minimums chinois, qui a poussé nombre de donneurs d'ordres à trouver des alternatives moins onéreuses. C'est ainsi qu'en moins d'une décennie, le pays s'est hissé au 8e rang des fournisseurs d'habillement de l'UE, avec pour 2,4 milliards d'euros de marchandises en 2019 (+43 %).

Mais la suspension des opérations d'ACT sur place signifie-t-elle une suspension des commandes ? Rien n'est moins sûr. Lors du coup, les travailleurs textiles interpellaient leurs donneurs d'ordres (H&M, Inditex…) à dénoncer le nouveau régime. Washington avait annoncé suspendre ses engagements commerciaux avec le pays, tandis que certaines marques annonçaient suspendre leurs commandes. Mais, fin mai, H&M a annoncé la reprise de ses commandes birmanes, suivi par nombre de donneurs d'ordres.

De leur côté, les travailleurs textiles seraient désormais pris entre deux feux, avec d'un côté une junte militaire décidée à réprimé tout soupçon de volonté syndicale, et de l'autre des opposants qui les accusent de travailler au profit des généraux. Une réalité qui touche notamment le marché du jade, dont la Birmanie est le premier producteur mondial. Contribuant à faire de la région nord du Hpakant, berceau de cette industrie, l'un des principaux points de friction entre les deux factions.

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