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Bangladesh : la police interroge le patron de l'usine textile après l'incendie

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27 nov. 2012

DACCA, 27 nov 2012 (AFP) - La police du Bangladesh interrogeait mardi le propriétaire de l'usine textile ravagée par un incendie, qui a fait 110 morts, à la suite d'affirmations d'ouvriers assurant qu'ils avaient reçu l'ordre de ne pas quitter leur poste.


STRINGER / AFP

Pour le deuxième jour consécutif, un millier de manifestants ont défilé dans la zone industrielle d'Ashulia, proche de Dacca, en scandant des slogans réclamant justice pour les victimes et de meilleurs conditions de sécurité.

Selon le chef de la police de Dacca, Habibur Rahman, des policiers ont retrouvé le propriétaire en fuite de l'usine Tazreen Fashion, Delwar Hossain, et l'interrogeaient après des accusations de rescapés affirmant que ses gérants n'avaient pas autorisé les ouvriers à quitter l'usine lorsque le feu s'est déclaré.

"Nous l'avons trouvé (M. Hossain) et nos enquêteurs l'interrogent. Nous n'avons encore procédé à aucune arrestation", a-t-il dit.

"Alors que la fumée s'épaississait, les gérants ont même dit aux ouvriers qu'il s'agissait d'un exercice d'évacuation en cas d'incendie, et qu'il ne fallait pas s'inquiéter", a-t-il ajouté à l'AFP.

La police veut aussi interroger M. Hossain au sujet d'une violation présumée des normes de construction, après une information selon laquelle le bâtiment de douze étages ravagé par les flammes n'aurait jamais dû dépasser trois étages en vertu du permis de construire délivré par les autorités.

Samedi soir, plus de 1.000 ouvriers, qui travaillaient pour des firmes occidentales ont été piégés par les flammes. Parmi les victimes figuraient de nombreuses femmes, mortes par asphyxie, intoxication ou en sautant dans le vide.

L'Union européenne, le plus gros marché du Bangladesh pour la confection, a déploré mardi "l'incident épouvantable" et appelé à de meilleurs conditions de travail.

La police a ouvert une enquête pour homicide involontaire après l'incendie de l'usine située à une trentaine de kilomètres de Dacca. Cette enquête, couplée à deux autres émanant du gouvernement, cherche à établir les causes exactes du sinistre.

Mardi était jour de deuil national, symbolisé par des drapeaux en berne aux frontons des bâtiments publics. Les trois millions d'ouvriers du textile du pays ont aussi eu droit à un jour de congé.

Le géant américain de la grande distribution, Walmart, a par ailleurs reconnu que certains de ses produits étaient fabriqués dans l'usine qui a brûlé.

"Un fournisseur a sous-traité le travail à cette usine sans autorisation et en violation directe de notre politique", a-t-il dit dans un communiqué lundi.

"Ce qui s'est produit est extrêmement perturbant et nous continuerons à travailler au sein de l'industrie textile pour améliorer la formation à la sécurité en matière d'incendie", a ajouté Walmart.

Des militants pour le respect du droit du travail ont de leur côté photographié et distribué des images de vêtements de marque restés à l'intérieur de l'usine, relevant notamment la présence d'habits étiquetés ENYCE, une marque du rappeur américain Sean Combs, connu sous le nom de P. Diddy ou Puff Daddy.

Selon Kalpona Akter, directrice du Centre bangladais pour la solidarité ouvrière, des étiquettes de la marque allemande à bas prix KiK et du groupe américain Dickies ont aussi été retrouvées.

"Nous sommes sûrs que M. Combs sera aussi choqué que nous d'apprendre que son groupe est impliqué dans une telle tragédie", a commenté Liz Parker, de la "Clean Clothes Campaign", une association de défense des travailleurs du textile qui a son siège à Amsterdam.

"Nous l'exhortons à user de son influence pour faire en sorte que les usines de confesction soient des endroits sûrs pour les employés", a-t-elle plaidé.

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