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18 juin 2022
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Balnéaire: cinq marques écoresponsables à suivre

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18 juin 2022

La crise sanitaire a-t-elle impacté le marché du bain ? Pas si sûr si l’on en juge les chiffres communiqués par Kantar à l’occasion du Salon International de la Lingerie et du Swim qui se tient actuellement à la Porte de Versailles à Paris. Le salon Splash se tiendra lui du 25 au 27 juin dans le cadre du Carreau du Temple, dans le Marais, avec les collections de plus de 100 marques internationales. Ainsi, le marché mondial du bain, en progression continue, devrait enregistrer un taux de croissance prévisionnel de +3% entre 2022 et 2027 pour atteindre presque 15 milliards de dollars US (14,26 milliards d’euros).


Shutterstock



Au cœur des préoccupations des marques, la responsabilité environnementale semble gagner du terrain et s’impose notamment pour les jeunes marques. Dans les faits, la demande en Econyl ( tissu composé de 78% de polyamide recyclé et de 22% d’élasthanne) a augmenté de 307% au cours des dernières années. Mais l’utilisation de ce type de matières primaires et de processus de fabrication respectueux de l’environnement ont entraîné une hausse de 63% du prix final des produits, d’après des données de Moda España. Malgré cet engouement pour la mode responsable, la confédération d’entreprises espagnoles signale qu’actuellement, 20% seulement de la de la mode balnéaire peut être estampillée écologique. Les processus de production responsables ne représentent pas plus de 2% du total. Pour autant, l’argument prend de l’ampleur et peu prendre différentes formes. Rencontre avec cinq labels français.


Sowe Biarritz : entre océan et sport

Fondée en 2014 par Perrine Lacombe-Tulasne, la marque démarre réellement son existence en 2017 en étant référencée sur le site Mademoiselle Bikini. Depuis Sowe Biarritz s’appuie sur son e-shop, qui assure 40% de ses ventes, et est distribuée chez une quinzaine de revendeurs entre le littoral atlantique (de Brest à Saint-Jean-de-Luz) et autour de la Méditerranée, ainsi que deux points de vente en Espagne et trois autres en Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe et Martinique.


Nouvelle boutique Sowe Biarritz dans le Sud-Ouest.



Basée sur le concept du Mix and match, la collection, qui s’articule autour de 3 grands thèmes, permet de marier imprimés (ceux-ci sont exclusifs et  dessinés à la main par une artiste de Biarritz) et unis entre eux. Installée près de Biarritz et bercée par la culture surf, la marque s’investit dans l’éco-responsabilité depuis ses débuts grâce à sa démarche baptisée “Life”. "L'idée est de pousser Sowe vers plus de durabilité et de la faire progresser chaque année en faisant concilier actions RSE et accessibilité de l’offre”, explique Marine Labbé, responsable du marketing et de la communication de Sowe Biarritz. Résultat : 100% des tissus utilisés sont made in Europe (Italie et Espagne) dont un tisseur français pour le Jacquard ; toutes les matières utilisées sont certifiées Oeko-Tex.

Enfin, la confection est faîte en Tunisie avant d’être acheminées en bateau puis en camion jusqu’à l’entrepôt de la marque au Pays Basque. Objectif : un approvisionnement court afin de limiter l’empreinte carbone.Tandis que, depuis peu, dans une démarche anti-gaspillage, les chutes de tissus sont utilisées pour réaliser certains leggings et brassières de la gamme Actiwear lancée à l’été 2020. “Pour Sowe, c’est une façon de limiter la saisonnalité de nos produits, confie Marine Labbé. Elle s'inscrit complètement dans l’esprit de la collection bain et s’étoffe de saison en saison.” Et depuis ce printemps, la marque déploie son univers au complet dans deux premiers points de vente en propre à Biarritz (37 rue Mazagran) et à Hossegor (53 avenue de la Gare). Sowe signe cet été une capsule co-créée avec
Jeanne du compte Instagram @LittleJBeauty (320K abonnés). Engagée également dans le mouvement Positive Body, les collections sont proposées du 34 au 44 et aucune photo n’est retouchée.


Apnée : de l’homme vers un univers mixte



Fondée en 2017 par Marion et Pauline Ruilhat, associées à Sébastien Fredeau et rachetée à 90% par Laetitia Olivieri (ex-Etam, Estée Lauder et Chanel) en 2019, Apnée s’adresse depuis ses débuts à l’homme mais s’ouvre depuis peu à de nouveaux horizons. Une proposition présentée il y a quelques jours au Pitti Uomo de Florence.


La première collection Femme signée Apnée.


“Notre objectif est de faire de beaux produits qui durent dans le temps et qui respectent l’environnement, explique la dirigeante Laetitia Olivieri. À mon arrivée, j’ai écouté les demandes des clients et élargi notre univers à quelques pièces Outdoor comme une parka coupe-vent en matière 100% recyclée et d’autres nouvelles pièces comme un pull marin en laine mérinos avec une poche en néoprène qui sortira pour la rentrée et depuis cet été, place à une gamme femme.”

Une première collection au féminin que l’on peut retrouver dans le pop-up Apnée qui se tient à Paris dans le Marais jusqu’au 4 juillet (15 rue Debelleyme, IIIe). Place à trois maillots de bain (75% Econyl en nylon recyclé et élasthanne normal) à porter en mix and match complétés par des pièces de beachwear en voile de coton. “Notre coeur de business reste l’été et le maillot mais l’idée est d’animer la marque toute l’année avec des créations qui, comme le bain, privilégient l’éco-responsabilité et le circuit court”, poursuit Laetitia Olivieri. De fait, tout est fabriqué au Portugal. Si la marque mise sur son e-shop depuis ses débuts, elle se déploie aujourd’hui dans le sélectif avec une présence au Bon marché, aux Galeries Lafayette, sur Printemps.com, chez Luisa Via Roma, La Rinascente ou encore dans les hôtels Six Senses. Tandis qu’elle vient de débuter un partenariat avec les palaces Cheval Blanc et Lily of the Valley.

“Clairement, nous sommes sur un positionnement Premium, cela implique de faire certains choix comme refuser d’être chez Zalando, confie la dirigeante. Il ne faut surtout pas céder à la tentation de faire comme les autres mais faire des choses qui ont du sens pour Apnée.” Dans cet esprit, le lancement du pantalon et de la chemise en lin belge, il y a un an, est un véritable succès. Tandis qu’une collaboration avec la marque Gunther Paris arrive sous peu et est présentée durant la Fashion Week de Paris, à l'occasion du défilé de la marque le 26 juin. “Nous réfléchissons également à une mini série réalisée à partir de chutes de tissus”, conclut Laetitia Olivieri. 


 

Bluelobster : le bassin méditerranéen comme terrain de jeu


 
Depuis Marseille, la marque imaginée par Cédric Sarpi compte aujourd’hui sept boutiques en propre (Cassis, Sanary sur Mer, Bandol, Le Lavandou, Cavalaire, Sainte-Maxime, Marseille).


Bluelobster, collection été 2022.


“La première qui a ouvert en 2006 était à Saint-Tropez même si nous l’avons fermée depuis et la toute dernière est celle de Sainte-Maxime qui a été déplacée pour un plus bel emplacement au printemps dernier”, explique Cédric Sarpi. Celui qui a travaillé pour d’autres marques pendant plus de six ans, afin de développer des licences, a décidé de lancer ses propres collections sous le nom de Bluelobster en mai 2003.

Initié aux encres à l’eau avec la société Kokolo à Saint-Jean-de-Luz, Cédric Sarpi s’intéresse de près à l’éco-conception. “C’est devenu une grosse tendance et je n’aime pas trop toute la communication qui est faîte autour où l’on mêle durabilité et mercantilisme, explique le dirigeant. Je ne prends pas la parole sur le sujet mais je reste fidèle à des valeurs de proximité.” Ainsi tous les tissus des collections proviennent d’Italie, de France et d’Espagne et la fabrication est faîte en Tunisie. “C’est le plus proche de Marseille et surtout c’est un pays qui a le savoir-faire avec des unités aux normes ISO”, confie t-il. 


Au cœur des gammes de Bluelobster, la couleur et les imprimés font le succès des pièces. “Notre expertise est le bien-aller et le conseil, auxquels nos vendeuses sont formées, avec des hauts et des bas vendus séparément. Nous déclinons de nombreuses formes pour convenir à toutes les silhouettes. Nous ne faisons pas de soldes et essayons d’avoir le prix juste.”

Résultat, Bluelobster progresse rapidement. Après une refonte du site internet et du e-shop en 2020, les demandes de détaillants sont en augmentation (plus de 120 en France). Les prochains objectifs pour la marque étant le développement de l’export et la recherche d’un point de vente à Paris où la marque est de plus en plus demandée. “Nous enregistrons 10 à 15% de de progression par an de notre chiffre d’affaires et depuis 2021, nous sommes repartis sur de bons chiffres. Nous sommes un secteur qui fait toujours rêver car nous appelons les vacances et le soleil. Du coup, nous restons confiants”, conclut Cédric Sarpi.

À noter : Bluelobster soutient l’association Clean my Calanques (qui milite pour la préservation de l'environnement et qui a pour ambition de sensibiliser l'ensemble de la population aux enjeux environnementaux) en reversant 10% des ventes d’un produit ciblé.

Les Alcyonides Swimwear : entre crowdfunding et détaillants



Nouvelle venue sur le marché, Les Alcyonides (nymphes dans la mythologie grecque qui vivent entre terre et mer) sont sorties de l’imagination d’Orlanne Crauet.


Les Alcyonides, collection été 2022.


Diplômée en commerce et marketing, elle commence sa carrière à Londres chez Coty puis enchaîne chez une créatrice anglaise. “Là, j’ai le déclic car cette dernière est vendue dans un Outlet et je découvre à quel point l’industrie se flingue en sur-produisant et en contribuant à biaiser le système dont elle fait partie, confie la jeune cheffe d’entreprise. Alors que je cherchais un maillot de bain pour moi, je ne me retrouvais pas non plus dans les valeurs proposées par les marques du marché. Du coup, j’ai lancé la mienne avec l’envie de réconcilier éthique et esthétique.” 

Son créneau : oser des maillots de bain élégants, intemporels et vitaminés fabriqués à partir de filets de pêche recyclés, le tout tissé et fabriqué en Italie. Si le timing de la première pré-commande tombe mal avec la crise sanitaire, 65 pièces seront pourtant vendues avec 103% des objectifs atteints. Quant à la seconde, elle vient tout juste d’être bouclée atteignant les 120% d’objectif. “Mes efforts sont récompensés, je fais partie du prochain Who’s Next qui va me permettre de bénéficier d’un accompagnement pérenne sur les salons, explique Orlanne Crauet. Et je serai également sur le prochain Salon International de la Lingerie grâce à Ullule qui a sélectionné la marque. Cela va me permettre de pousser le développement en BtoB sur le sud de l’Europe où la saison balnéaire est plus étendue et sur d’autres marchés plus lointains où les saisons sont inversées.” 

Enfin, vendus entre 89 et 105 euros, les maillots d’Alcyonides Swimwear font également leur entrée dans quatre boutiques physiques à Compiègne, Bordeaux, La Ciotat et à Paris (concept-store éco-responsable, Les Étiquetés). Pour aller jusqu’au bout du concept, la marque utilise des packagings 100% recyclables et zéro plastique. 

Enfin, depuis six mois, elle est partenaire de la start-up Redonner.fr qui récompense les dons de particuliers avec des réductions. Les Alcyonides offrent 20% à partir de 130 € d’achats.

Fresh and Salt : 100% DNVB



Quand trois amies de longue date, Marine Seynes, Juliette Le Breton et Marine Heraud, décident de lancer leur propre marque de maillots de bain, cela donne Fresh and Salt. 


Modèles Typha, gamme Exclusive par Fresh and Salt.



Pour celles qui voyagent beaucoup, leurs collections doivent refléter leurs envies avec des maillots de bain différenciants, des imprimés et matières wahou à des prix accessibles. Deux gammes composent la collection : Originals avec des pièces inspirées par La Californie et son style de vie et Exclusive dite “Day to night” qui propose des maillots au design chic et glamour, mettant à l’honneur leur French touch.

Après une première collection produite au Maroc et sortie en 2020, la marque a changé son site de production afin de favoriser un circuit court 100% made in Europe. Désormais, place à des matières espagnoles et italiennes, toutes certifiées Oeko Tex Standard 100 et pour la majorité 100% éco-responsables (Econyl ou polyester recyclé)

“Notre distribution est à 95% online, ou dans des Pop up que nous organisons comme celui que nous avons actuellement à Paris, explique Marine Seynes. Nous travaillons également avec deux hôtels de luxe dans le sud de la France (avec lesquels nous avons une clause de confidentialité), tandis qu’une boutique accueillera prochainement nos lignes à Deauville.”

Pour autant, Fresh and Salt réfléchit à intensifier sa présence en dehors du digital. "En 2023, nous aimerions ouvrir plusieurs pop up dont un à Paris comme actuellement dans le Marais (au 11 rue debeylleme, jusqu'au 30 juin, ndlr), mais aussi un second soit à Marseille soit à Bordeaux, confie la co-fondatrice. L’autre gros projet est d’installer notre propre boutique, nous l'espérons, en 2024.”

En attendant, la marque va pour la première fois sortir une petite collection pour l’automne avec des nouveautés et la réédition d’un de des best sellers, le modèle Rosie en crème, mais aussi dans de nouveaux coloris.

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