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Paul Kaplan
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7 juil. 2022
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Balenciaga Couture : à la croisée de Jean-Luc Godard et de Squid Game

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Paul Kaplan
Publié le
7 juil. 2022

Balenciaga a présenté mercredi le deuxième défilé Couture de son directeur créatif, Demna Gvasalia, avant d'ouvrir aussitôt sa première boutique de couture, suscitant des scènes de ferveur intense aux abords du siège de la marque, sur l'avenue George V.


 


Démarré sous des auspices futuristes — peut-être même venus d'ailleurs —, le défilé s'achevait sur une impression de majesté plus traditionnelle, exaltée par la présence sur le podium de Kim Kardashian, Naomi Campbell, Dua Lipa et Nicole Kidman, qui défilait vêtue d'une robe en taffetas argenté asymétrique.
 
On se serait cru à une fête dans la série Squid Game. Le show s'est ouvert sur une vingtaine de silhouettes masquées, et les sept premiers looks étaient gansés de néoprène moulant — des combinaisons de plongée, des fourreaux très étroits, des robes japonisantes évasées, mais aussi des cuissardes mémorables. Un peu plus tard, un homme au visage recouvert d'un masque arborait un costume entièrement coupé en néoprène.

Mais la collection s'achevait sur un voyage dans le passé, au moment des débuts de Cristobal Balenciaga, alors qu'il habillait les princesses de la famille royale espagnole.
 
La collection changeait fréquemment de registre, passant du glamour branché d'une robe en filet perlé argenté portée sur un body ganté, à des robes courtes en viscose brodée noire ou à de grandes robes de faille bleue garnies de plumes.
 
Une véritable démonstration de la haute couture selon Demna Gvasalia, qui y inclut par exemple des vêtements streetwear surdimensionnés — des vestes immenses en denim délavé ou bleu nuit, et une robe de soirée en jean digne d'un tapis rouge, avec une énorme traîne, portée avec une veste à col montant. De nombreuses vestes, parkas et pièces en cuir ont été confectionnées à partir de tissus de seconde main.
 
"Bienvenue. Ce n'est pas la première fois que vous venez ici. La dernière fois, il était question du patrimoine et de l'héritage de Cristobal Balenciaga. Cette fois, je voulais y introduire plus de moi-même, et suivre mes propres instincts. Imaginer une nouvelle fusion", expliquait Demna, entouré d'au moins 30 téléphones portables braqués sur lui par des journalistes.
 
Sa bande-son elle-même couvrait plusieurs époques.
 
Le défilé commençait par un poème écrit spécialement par la journaliste de mode, écrivaine et poétesse Sophie Fontanel. Un texte qui capturait les impressions de Demna fuyant la Géorgie et ses abris anti-bombes avec sa famille, avant de vivre l'existence difficile d'un immigré sans le sou en Allemagne. Au moment où il rêvait de rejoindre la France pour réaliser sa vocation — devenir un grand couturier.
 
"Je souhaitais offrir un poème d'amour à ce métier, et ciseler une bande sonore de niveau couture. C'est un peu mon moment Godard", raconte-t-il à propos du poème, inspiré par une conversation entre le designer et la journaliste. Après le poème, une symphonie industrielle et futuriste, "Lifestream" de Juanita, a retenti dans les salons feutrés du défilé.
 
Pour y entrer, les invités avaient dû traverser un important dispositif de sécurité, à la mesure des stars qui honoraient de leur présence le premier rang du show — Kris Jenner, Bella Hadid ou encore Amber Valletta.
 
Côté accessoires, des enceintes portables trompe-l'oeil en guise de sacs, et des escarpins en caoutchouc brillant, produit idéal pour le tout nouveau magasin de Balenciaga. Après le défilé, les invités se sont rendus au nouveau concept store couture de la marque, au 10 avenue George V, dans le bâtiment où Cristobal Balenciaga avait ouvert sa première boutique il y a plus de huit décennies.
 
"Après notre premier défilé couture, beaucoup m'ont demandé : "comment acheter la collection ?". Notamment des gens plus jeunes, de futurs clients. Il nous fallait donc un espace où ils pourraient soit repartir avec quelque chose de la boutique, soit prendre rendez-vous dans le salon privé pour vivre une expérience sur mesure", explique le créateur d'origine géorgienne. 
 
"Avec la couture, on peut s'offrir des produits caractérisés par une certaine technique, une certaine expérience, des matériaux uniques. Des vêtements, des objets et des accessoires, réalisés de manière encore plus élaborée, à l'instar de ma veste iconique en forme de sablier", a-t-il conclu, alors qu'à l'extérieur, la nouvelle génération criait, hurlait et réclamait des autographes.

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