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Armand Hadida : "Il ne faut pas sous-estimer la volonté d'hégémonie de New York"

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4 oct. 2015

Un second Tranoï new-yorkais satisfaisant, une implantation parisienne à la Cité de la Mode et du Design dès janvier prochain, et la conviction que Paris doit se battre pour garder sa place de capitale de la mode… Armand Hadida commente l’actualité de la mode dans FashionMag.

Armand Hadida


FashionMag : Vous avez tenu il y a quelques jours la deuxième édition de Tranoï New York ? Comment celle-ci s’est déroulée ?
 
Armand Hadida : Cela s’est mieux passé que la première, en termes d’organisation par exemple. Nous avons eu une meilleure maîtrise de l’outil de travail et une meilleure fréquentation. La météo aussi nous a aidé en comparaison de février dernier.

FM : Avait été évoqué un changement de lieu dès février 2016 ? Qu’en est-il exactement ?
 
AH : Nous resterons encore deux sessions au Tunnel. Mais nous avons trouvé un autre endroit qui va surprendre !
 
FM : Vous mettez beaucoup d’énergie dans cette présence aux Etats-Unis ? Quel en est l’enjeu ?
 
AH : C’est sans doute aujourd’hui notre plus gros challenge. Les Etats-Unis représentent un tel potentiel. Et puis, il se passe outre-Atlantique la même chose qu’en Europe. Les détaillants oublient de se remettre en question. Or, aujourd’hui, leurs clients sont mieux informés qu’eux. Il faut donc leur apporter de la nouveauté, une offre complémentaire, européenne. C’est ce que nous faisons.
 
FM : Souvent, vous évoquez la frilosité des détaillants. Les choses bougent ou pas ?
 
AH : Ils ne se rendent pas compte qu’en fait tout bouge autour d’eux. C’est la grande transhumance pour les consommateurs. Ils voyagent beaucoup plus, physiquement et via Internet. Ce dernier canal leur offre la mode du monde entier. Avant, un détaillant se battait pour avoir telle ou telle marque en exclusivité et il était sûr d’attirer la clientèle attachée à cette marque par exemple. Mais ça, c’est fini. Le consommateur peut trouver la marque sur la toile. Je considère que, face à ces enjeux, mon travail est d’anticiper et d’éclairer les détaillants notamment. D’autant plus que j’en suis un moi-même à travers l’Eclaireur.
 

Tranoï ce samedi 2 octobre à la Bourse - FashionMag.com


FM : Vous parlez de faire bouger les détaillants. Mais les salons alors ? Tranoï va-t-il bouger ?
 
AH : Bien sûr, les salons aussi doivent évoluer. Un salon a trois missions : assurer une connexion entre tous les participants, acheteurs et exposants. C’est aussi un lieu d’échanges. Il doit être enfin un endroit de découverte. Les exposants par exemple doivent sublimer leur offre et non pas aligner 400 cintres. C’est une image, mais il faut déjà donner à rêver aux détaillants, montrer une interprétation de sa création.
 
FM : Vous investissez dès janvier prochain la Cité de la Mode. Qu’allez-vous en faire ?

 
AH : Les choses vont bouger surtout en mars pour la femme. A côté donc de la Bourse et du Carrousel du Louvre, nous allons tenter une nouvelle approche d’un salon. Nous travaillons dessus. Je ne vous en dirai pas plus. Mais j’espère bien qu’il y aura des surprises.

Tranoï entend créer la surprise à la Cité de la Mode et du Design en mars 2016 - FashionMag.com


FM : A l’aube de la fashion week parisienne, Bruno Julliard, 1er adjoint de la maire de Paris, commentait dans FashionMag les ambitions de la Ville quant à la mode. Il y a menace sur Paris ?
 
AH : Il y a en tout cas une forte compétition. Milan en fait déjà un peu les frais en ayant perdu son fauteuil doré. Les professionnels ne peuvent faire le tour des quatre capitales. New York et Paris s’imposent. Londres est coincée entre les deux et les acheteurs ont compris que les marques italiennes, si elles défilent à Milan bien sûr, tiennent showroom à Paris par exemple. Bien sûr, personne ne remet en cause aujourd’hui la place de Paris avec la diversité de propositions qu’elle apporte. Mais on peut imaginer un coleadership avec New York. Il ne faut pas que, de ce côté de l’Atlantique, on sous-estime la volonté d’hégémonie de New York.
 
FM : Vous le ressentez comment ?
 
AH : Franchement, ce n’est pas forcément la ville où j’aimerais vivre. Mais il y a une énergie, un dynamisme qui favorise l’envie d’entreprendre. C’est un fait. Et puis il y a la dimension économique. Regardez les flagships qui y ouvrent. La ville attire les Sud-Américains, les Asiatiques aussi.
 
FM : Mais les Japonais viennent à Paris et apprécient la ville. Et Tranoï d’ailleurs, non ?

 
AH : C’est vrai. Mais aujourd’hui, les professionnels japonais connaissent par cœur Paris. Or, participer à une fashion week, c’est aussi sortir de son quotidien sans parler de vacances. New York a pour eux le goût de la nouveauté.
 
FM : Une question pour conclure au détaillant que vous êtes. L'ouverture de L’Eclaireur à Los Angeles, c’est pour quand ?
 
AH : Les travaux viennent de commencer début septembre. Le point de vente devrait ouvrir début 2016. Cela fait presque un an après la première date prévue.
 
FM : La raison ?

 
AH : Les Etats-Unis ont aussi beaucoup de réglementations. On pourrait dire que c’est parfois plus compliqué qu’en France !

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