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18 mars 2022
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Aiôn, nouvel acteur de l’horlogerie française, s'apprête à construire une vaste usine à La Ciotat

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18 mars 2022

Le made in France peut-il rivaliser avec l’horlogerie helvète? Un nouvel acteur du secteur se lance ce défi: il s'agit du groupe horloger Aiôn, qui vient de voir le jour sur la Côte d’Azur s'engageant dans la construction d’une usine de 10.000 mètres carrés à la Ciotat, avec une capacité de production de 400.000 mouvements et montres par an à horizon 2025.


Le futur site productif Watch Manufacture à la Ciotat - Aiôn Group


Son objectif ? "Positionner la France comme un pays producteur horloger majeur et ainsi proposer une alternative aux acteurs suisses et asiatiques", indique la société dans un communiqué, en déplorant que cette filière ait échappé au pays alors qu’il est leader dans l’industrie du luxe et qu’il subsiste encore "de nombreux horlogers, artisans, ingénieurs et entrepreneurs français, souvent installés à l'étranger, actifs dans ce secteur". 

"Aiôn s'est donné pour ambition de créer en France la structure industrielle manquante pour fédérer ces talents et les mettre au service de maisons horlogères d'envergure internationale", annonce le groupe créé en juillet 2021 sous l’impulsion de l’horloger Anthony Simao, fort d’une importante expérience en Suisse et en France, où il a créé notamment en 2016 la marque Lornet, réalisant une montre quasi totalement française.

A ses côtés, Olimpiu Salcou, expert en pilotage d'entreprises, la spécialiste en finances Céline Guth et l’entrepreneur investisseur Hubert Patural. Les quatre cofondateurs travaillent sur l'organisation et le montage d’Aiôn depuis deux ans. Des cadres de l’industrie horlogère ont également rejoint le groupe à des postes opérationnels.

"L'investissement total est d'environ 60 millions d'euros", nous indique Céline Guth, en précisant que le projet est soutenu par certaines aides publiques et par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La société est notamment lauréate de France Relance et espère bénéficier du nouveau dispositif d'aide à l'industrialisation France 2030.

Pour démarrer, le groupe a acquis une manufacture historique suisse à La Chaux-de-Fonds, qui sous-traitait pour des grandes marques horlogères et développait depuis des décennies des mouvements. Elle constitue son outil opérationnel avec, à la clé, 450 machines de précision. L’un des atouts majeurs d’Aiôn est "son savoir-faire en développement et production de spiraux", précise-t-il.

Le groupe est actif à travers Watch Manufacture, qui s'organisera donc autour de son site en Suisse et de son futur établissement en France. Cette entreprise a pour mission de gérer à 360 degrés les projets horlogers des clients, leur proposant une solution industrielle complète, de la fabrication de la montre à sa commercialisation. 

Au lieu de s’implanter dans le Doubs, berceau de l’horlogerie française, dans l’est du pays, Aiôn a choisi de s’installer au sud, dans les Bouches-du-Rhône. Une manière de se démarquer, loin de l’arc jurassien servant désormais principalement les maisons suisses.

Ce nouvel acteur veut ramener la France au premier plan dans l'horlogerie - Aîon Group


Il est en train de construire un énorme site de production sur un terrain panoramique de 30.000 mètres carrés à La Ciotat. Une destination choisie "après avoir étudié les différentes options d’implantation territoriale, y compris dans le Doubs, consulté ses futurs partenaires industriels, écouté les aspirations du personnel opérant dans le secteur horloger, et aligné ces données avec ses objectifs stratégiques".

"Le groupe se rapproche ainsi de la clientèle de ses marques étendards en étant à proximité de Monaco, bénéficie de sites exceptionnels aux alentours permettant de faire vivre des moments uniques à la clientèle et s’implante sur un site maritime d’excellence en Méditerranée", nous explique Céline Guth.

"Marseille et son aéroport international nous permettent d’être rapidement reliés au monde et de disposer de l’une des rares écoles d’horlogerie française, avec laquelle nous allons collaborer", ajoute-t-elle.

Quinze personnes travaillent à ce jour pour le groupe, dans les différentes filiales (bureau d’études, de production, d’assemblage et de service après-vente pour les marques) actives dans une manufacture proche du terrain de construction. En phase de recrutement, le groupe entend créer 160 emplois d’ici à cinq ans.

"Nous avons rapidement fait le constat que les structures actuelles n’étaient pas suffisantes pour concevoir, produire et développer à grande échelle des montres mécaniques. C’est ce qui explique pourquoi la France, pourtant vivier de talents incontestés de la discipline, n’est globalement qu’un pays de sous-traitants de pointe pour des maisons étrangères dont les montres sont produites ailleurs, par commodité industrielle", résume Anthony Simao.

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