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Clémentine Martin
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29 janv. 2023
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Aelis, Juana Martín et Imane Ayissi célèbrent l’artisanat contemporain

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Clémentine Martin
Publié le
29 janv. 2023

Plusieurs maisons internationales ont présenté des collections délicates lors de la dernière journée de la haute couture parisienne. L’Italienne Sofia Crociani a misé sur des silhouettes fluides et minimalistes réalisées avec soin, tandis que l’Andalouse Juana Martín est restée fidèle à ses origines. La Camerounaise Imane Ayissi, pour sa part, a mis à l’honneur des couleurs intenses en utilisant le raphia.


Aelis - Printemps/été 2023 - Haute Couture - France - Paris © ImaxTree - © ImaxTree


Poussière d’étoiles chez Aelis



Chez Aelis, la designer italienne Sofia Crociani a proposé un vestiaire fluide et décontracté, émaillé d’éléments vintage. Des broderies des années 1920, rehaussant des robes en soie biologique, conféraient une touche intime, renforcée par l’utilisation de bijoux et de cristaux de la collection personnelle de la créatrice.

Fusionnant des caractéristiques fonctionnelles avec un style intemporel, Aelis a réalisé des pièces artisanales conçues quasiment comme des oeuvres d’art. Une robe courte à franges brillantes composée de cristaux, une fois en mouvement, prétendait reproduire “le mouvement des galaxies”.

Un body noir sensuel était sublimé par un bomber du même coloris, serti de perles métalliques. Une robe longue dans un camaïeu de de turquoise rendait hommage à l’oeuvre de Fortuny à l’aide de la technique du plissage. Une création en soie naturelle accompagnée d’une tunique brodée et un look de soirée en tulle léger vert dégradé rappelant un nuage de vapeur faisaient partie des designs les plus réussis.

“Pour cette collection, je me suis inspirée de l’univers, ou plus exactement des supernovas, ces étoiles qui se brisent en mille morceaux et changent de nature: elles deviennent de la poussière d’étoile ou se transforment en force magnétique, les fameux trous noirs. Ces deux idées m’ont paru extrêmement intéressantes”, explique la créatrice Sofia Crociani. Sa nouvelle collection s’intitule d’ailleurs Supernova.

Fondée en 2005, sa maison de Haute Couture se veut éco-responsable dans le choix de ses matières et de ses techniques de production. “Notre marque s’engage pour l’écologie et le respect de l’environnement. C’est pourquoi notre démarche ne peut qu’être liée à la nature et à l’univers”, revendique la designer italienne.

Revenant sur ses sources d’inspiration, elle poursuit: “En décembre dernier, il y a eu une supernova. Pour moi, ce moment a été très émouvant. Cela m’a rappelé qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes liés au cosmos. Nous sommes tous faits d’étoiles. Nous l’oublions souvent. Si nous arrivons à comprendre que toute la beauté venue de l’extérieur doit faire partie de nous, cela nous aidera à nous sentir mieux avec nous-mêmes et avec ce qui nous entoure.”

Les pièces de Sofia Crociani se veulent modulables et confortables, et ce n’est pas un hasard: “Les femmes qui portent mes designs doivent se sentir parfaitement à l’aise”, plaide-t-elle. Les mannequins ont d’ailleurs pu choisir si elles souhaitaient porter ou non des chaussures, une option qui aura sûrement évité plus d’une chute si elle était plus souvent proposée. “La Haute Couture doit être un milieu aimable. Faire les choses autrement n’aurait pas de sens pour moi”, concluait-elle à la fin de l’interview, en coulisses du défilé dans un salon proche de l’École Militaire.


Juana Martin - Printemps/été 2023 - Haute Couture - France - Paris © ImaxTree - © ImaxTree


Juana Martín raconte ses souvenirs de Malaga



Il s’agit de la seule créatrice espagnole et de la première femme gitane à faire partie du Calendrier Officiel de la Haute Couture parisienne, une responsabilité que la couturière andalouse endosse fièrement. Petit à petit, elle construit sa renommée au sein de ce milieu plutôt fermé. Originaire de Cordoue, elle a présenté sa première collection à la Fashion week de Madrid en 2005 et a participé à des événements spécialisés comme le Simof (le Salon International de la Mode et du Flamenco de Séville) ou la Barcelona Bridas Fashion Week. Elle a fait ses débuts à Paris en 2019.

Présenté à la Cathédrale Américaine de l’Avenue Georges V, le dernier défilé de la créatrice rendait clairement hommage à ses racines espagnoles et gitanes. Juana Martín dit s’être inspirée de ses “étés à Malaga, du bleu de ses plages, de ses habitants et de l’harmonie de la terre” pour créer une collection fidèle à son style, dérivé du flamenco avec des touches avant-gardistes.

“La collection ‘Origenes’ s’adresse aux femmes élégantes et rebelles, qui osent faire un pas vers l’évolution et le développement personnel”, déclarait la directrice artistique espagnole. Parmi ses invitées, figuraient d’ailleurs plusieurs personnalités correspondant parfaitement à cette description, comme Naty Abascal, l’actrice Hiba Abouk et la célèbre Águeda López, accompagnée de son mari, le chanteur Luis Fonsi. L’actrice Rossy de Palma, l’une des fidèles adeptes de la marque, assistait également au spectacle, et pour cause: sa fille Luna faisait partie des mannequins.

La collection comptait 28 looks. Les premiers faisaient la part belle au blanc, au noir et à l’argenté. Du côté des matières, la gaze, la soie et le satin étaient fréquemment rehaussés de cristaux. Exagérément longs ou au format mini, ils rappelaient les vêtements de plage ou les nuits de fête.

Des fentes latérales laissant deviner la forme des jambes et des épaules structurées définissaient les silhouettes. Un denim imprimé de motifs irréguliers dans des tons de bleu et de blanc, réalisé à l’aide d’une technique traditionnelle indienne, signait de voluptueux looks volantés. Les habituels chapeaux andalous de la griffe apportaient la touche finale.

Une sélection d’accessoires soigneusement choisis accompagnait la collection: des talons hauts de Christian Louboutin, des sacs de la maison marocaine Nadia Chellaoui et des bijoux de Plata Pura, partenaire habituel du label.


Imane Ayissi - Printemps/été 2023 - Haute Couture - France - Paris © ImaxTree - © ImaxTree


Raphia et optimisme chez Imane Ayissi



La musique de la célèbre chanteuse française d’origine malienne Aya Nakamura accueillait les invités venus assister à la présentation d’Imane Ayissi à la Galerie Bourbon, à quelques minutes seulement de l’Arc de Triomphe. Un rendez-vous intimiste marquant la troisième année de participation de l’unique représentante du continent africain à la Semaine de la Haute Couture parisienne.

Comme on pouvait s’y attendre, le défilé a pris la forme d’une fête célébrant la bonne humeur au moyen de couleurs intenses: une longue robe en taffetas rose fuchsia semblait calibrée sur-mesure pour les tapis rouges et un ensemble orange brillant se composait d’une jupe et d’un pantalon amples. De longues robes à sequins arboraient un vert acide ou un bleu électrique. Des looks pour homme et femme étaient présentés lors de ce défilé mixte.

La recherche de la beauté et de l’auto-acceptation étaient les fils conducteurs de la collection, largement dominée par le raphia, que l’on retrouvait sur les cils XXL des mannequins ou sous forme de franges ornant certains looks, comme un ensemble orange avec un top se transformant en cape. Des brins de raphia étaient aussi brodés sur des hauts, des bombers et des robes noires.

Parmi les pièces les plus remarquables de la présentation, on retiendra notamment une robe courte asymétrique dont la jupe drapée était prolongée d’une traîne. Les manches, bouffantes au niveau des épaules, donnaient du relief à la silhouette, complétée par un décolleté en V. Les références à l’artisanat traditionnel se retrouvaient aussi dans certains looks ultra-colorés et brodés, rappelant des couvertures en patchwork.

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