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10 mars 2023
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Adresse: la marque masculine en difficulté cherche un acquéreur

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10 mars 2023

La passe difficile que vit la jeune marque masculine écoresponsable Adresse est symptomatique des soubresauts subis actuellement par le secteur des DNVB (marques nées en ligne) et des griffes durables de petite taille. On pense au redressement judiciaire impactant le label féminin Modetrotter ou à la disparition d'Atelier Unes.


Adresse


Adresse, née en 2019 sous la houlette des deux fondateurs du réseau multimarque "Sauver le monde des hommes" (qui avait été lancé en 2012), a été placée en redressement judiciaire le 25 janvier 2023 par le tribunal de commerce de Paris, à la demande de sa dirigeante Alexandra Mulliez (qui est associée à Pierre Moreau). "Nous affrontons un mauvais timing: d'un côté une nécessité de rembourser actuellement les échéances de la crise Covid (PGE et dette sociale), de l'autre une année 2022 de forte hausse des coûts de revient qui a fait baisser nos marges.".
 
Alexandra Mulliez est aujourd'hui en quête d'un acquéreur ou d'un investisseur pour assurer le futur de son entreprise. "Je suis ouverte aux deux scénarios, qu'on souhaite me conserver à la direction ou non. Je suis persuadée que la marque a un véritable avenir, sur un segment de marché, celui de la mode masculine écoresponsable, qui va continuer de se développer". Elle entrevoit positivement le fait que le coût des matières premières recommence à baisser.

Les éventuels repreneurs ont jusqu'au 15 mars pour se faire connaître, mais un délai plus long pourrait être accordé par le tribunal, selon la cofondatrice, qui a reçu quelques marques d'intérêt. "Adresse peut intéresser des marques ou acteurs du monde de la mobilité, qui pourraient ainsi ajouter une corde à leur arc avec du prêt-à-porter urbain et technique, mais aussi des gens qui chercheraient à entrer sur le marché", expose-t-elle, ajoutant que la société a suffisamment de trésorerie pour tenir un renouvellement de la période d'observation.


Le magasin de la rue des Trois Frères, dans le XVIIIe arrondissement de Paris - Adresse

 
La crise que traversent certaines DNVB est "conjoncturelle", ajoute Alexandra Mulliez, qui pointe également la hausse et l'illisibilité des coûts d'acquisition client sur le web.

Deux boutiques parisiennes contributives 


 
Adresse, qui fait fabriquer tous ses modèles en Europe, parie sur un vestiaire inspiré du sport mais à porter en ville, destiné aux hommes qui n'utilisent pas (ou moins) la voiture. Les produits, dont les prix ont en moyenne augmenté de 6% en un an (109 euros la chemise, 129 euros le pantalon, 469 euros l'imperméable), sont commercialisés en ligne mais aussi dans deux magasins à l'enseigne situés à Paris. "Nos deux adresses sont en croissance et contributives en exploitation. Notre véritable problème, c'est de ne pas avoir une taille critique nous permettant d'amortir les hausses de coûts et les remboursements".
 
En 2022, le chiffre d'affaires annuel de la marque, qui fait travailler douze salariés, voisine les 860.000 euros (+4,3% par rapport à 2021). Le second semestre a été plus positif, avec une croissance revendiquée de 17% depuis le mois de septembre dernier.
 
Alexandra Mulliez est déterminée "à se battre pour ne pas fermer l'entreprise. Nous n'allons pas laisser la place à des acteurs moins-disants sur le plan environnemental", assène celle qui espère lancer un jour une mini-collection sur le segment féminin, un projet mis en suspens durant la crise sanitaire.

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