Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
15 févr. 2023
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

À New York, Thom Browne et la marche du temps

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
15 févr. 2023

Sophistication survivaliste chez Thom Browne, dont le défilé avait pour décor un biplan blanc échoué dans un désert de sable gris ; il s'agissait de son premier show depuis sa nomination à la tête du Council of Fashion Designers of America.
 
L'avion s'était écrasé à l'intérieur de The Shed, le gigantesque espace d'exposition du quartier new-yorkais de Hudson Yards, éclairé par des soleils, des lunes et des étoiles en papier blanc.
 

Thom Browne - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Prêt-à-porter féminin - New York - © ImaxTree


Ses passagères à l'allure aristocratique, accueillies par une demi-douzaine d'extraterrestres, étaient vêtues de robes-tuniques aux épaules décolletées et de chapeaux en forme de sphères. Houston, nous avons un problème.
 
Thom Browne a encerclé ce désert artificiel pour en faire un cadran géant, symbolisant la marche du temps. Les horloges constituaient d'ailleurs le leitmotiv de la collection, apparaissant sur le côté des sacs à main et des cabas, ou encore sur les talons d'une gamme de mules, qui rendaient fort difficile la démarche des mannequins sur le podium. 

Mais le motif principal de cette collection mixte Automne-Hiver 2023 était la déconstruction. Comme dans le film d'aventure Le Vol du Phénix, où un groupe d'explorateurs réunit des pièces de leur avion écrasé pour terminer leur vol vers Benghazi.
 
Comme un vaste assemblage de tous les éléments favoris de son ADN — costumes de flanelle pour petit garçon, blazers de cricket, manteaux de laine bouclée, rayures rouges et bleues, cravates rayées, rayures banquier et jupes plissées — en une douzaine de silhouettes sauvages. Comme le disait un spectateur : "Thom Galliano".


Thom Browne - Automne-Hiver 2023-2024 - Prêt-à-porter féminin - New York - © ImaxTree


La semaine a été chargée pour Thom Browne, qui a donné un cocktail inaugural pour les journalistes et les VIP au Nine Orchard, l'hôtel branché du Lower East Side, en présence d'Anna Wintour et de Steven Kolb, le PDG du CFDA.
 
La rédactrice en chef du Vogue américain a évoqué un vol de nuit New York-Milan en compagnie de Browne, au cours duquel elle a dû "enfiler ce pyjama ceinturé assez peu élégant". Mais alors qu'Anna Wintour a fini par s'endormir, Thom Browne "est resté assis, debout, à travailler pendant tout le vol. Et il y avait quelque chose en lui qui me faisait penser qu'il était une sorte de sentinelle, veillant sur nous tous, prêt à passer à l'action. C'est précisément ce qui caractérise notre nouveau leader : c'est notre sentinelle".  
 
Comme c'était la Saint-Valentin, celui-ci avait déposé sur les sièges des invités de petites boîtes contenant deux chocolats en forme de cœur. Il a ensuite suscité une double ovation, la première en saluant après le finale, la seconde en se dirigeant vers son partenaire Andrew Bolton pour lui remettre un grand cœur rouge.
 
Lorsque les mannequins ont arpenté le grand cadran, une version lyrique du classique "You Never Walk Alone" de Rodgers and Hammerstein, hymne de plusieurs clubs de football, a retenti dans l'espace immense de The Shed.
 
Qui aurait cru que Thom Browne était un supporteur dans l'âme ?

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com