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14 janv. 2020
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A Milan, Magliano célèbre l'Italie, Reshake la Chine

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14 janv. 2020

Le vestiaire masculin a volé en éclat lundi sur les podiums milanais. D'un côté, une garde-robe traditionnelle à l’élégance latine, réactualisée avec verve par Luca Magliano. De l'autre, Reshake, un streetwear pop au graphisme puissant inspiré par la culture chinoise.


Magliano, automne-hiver 2020/21 - PixelFormula


Toujours à la recherche d’authenticité avec ses personnages hauts en couleur et attachants au style si profondément italien, Magliano a choisi une salle de billard milanaise pour présenter sa collection masculine pour l’automne-hiver 2020/21. Les mannequins déambulent dans le rétro d’un bar populaire, au milieu des tables vertes, avec leur allure de bad boys des bas-fonds dans leur costume-cravate trop grand pour eux.

"Ce lieu exprime à la fois la Milan des ouvriers et la ville un peu dark avec ses outsiders de banlieue. L’idéal pour le thème de cette saison qui oscille entre la vie réelle et celle du royaume des morts", explique Luca Magliano originaire de Bologne, qui est allé chercher son inspiration chez Fellini et Almodovar.

Le monde des défunts rode dans des ensembles d’un blanc immaculé comme le teint blafard et fantomatique de certains mannequins. Ou encore dans ce gilet en satin froncé sorti tout droit d’un cercueil, dont il recouvrait les parois. Ailleurs, une ombre masculine, cigarette à la bouche, se dessine dans le dos d'un costume ou dans les imprimés de certaines chemises.

Les costumes trois pièces, taillés dans des tweeds, des draps de laine ou autres tissus grisaille, sont déstructurés et déclinés dans des tonalités sombres et poussiéreuses (lie de vin, mauve, gris, marron, vert amande). Les pantalons à pinces sont si larges, que la ceinture qui les serre à la taille en laisse parfois une partie à l’air libre. Les manteaux amples glissent sur le corps comme des peignoirs.

Pour le soir, les hommes retournent leur veste, qu’ils boutonnent dans le dos, affichant la doublure en soie colorée et chatoyante. Magliano introduit cette saison des matières plus fluides comme le cady polyester ou le crêpe de viscose. La maille, l'un de ses points forts, est également très présente, dans des tricots ultra-fins laissant voir le maillot de corps en transparence ou encore dans des vestes chemises à rayures rétro. Une paire de gants pend au bout d'une chaîne enroulée autour du cou.


Reshake, automne-hiver 2020/21 - ph Dominique Muret


Autre continent, autre vision. Pour son tout premier défilé à Milan, Reshake a voulu marquer les esprits avec des silhouettes imposantes explosant d’énergie. Lancé à Shanghai en 2013, le label est détenu par le géant chinois de l'habillement Mark Fairwhale et peut déjà compter sur plus de 130 boutiques en Chine.

La collection s’inspire de la conquête spatiale chinoise. Plus précisément du premier satellite lancé par l’empire du Milieu en 1970. Satellite de propagande, "Dong Fang Hong I" était équipé d'un émetteur radio diffusant en permanence l'hymne national "L'Orient est rouge". Un choix qui en dit long sur l’ambition de la marque pour faire rayonner la mode chinoise dans le monde.

Le styliste de Reshake, Jonny Fu, propose un streetwear haut de gamme de caractère, faisant la part belle aux graphismes et aux illustrations issues de l’iconographie chinoise traditionnelle ainsi que des images de propagande nationale des années 1970. Par exemple, un satellite diffuse ses rayons rouges au centre d’un sweater, les croquis de l’appareil et de sa trajectoire sont crayonnés en noir et rouge sur le fond blanc d’un manteau doudoune et d’ensembles sportifs, un peu à la manière de tags.

D’autres images et leurs personnages poupons semblent sortis tout droit de mangas japonais. Ces illustrations sont reprises comme une tapisserie sur une veste et un pantalon en plastique translucide, mais aussi dans des patches colorés qui décorent un manteau noir ou une cape en duvet. Le dos d’une veste en denim délavé est décoré quant à lui d’un maxi étendard en tissu.

L’allure est virile, avec une silhouette oversize, imposante. Les mannequins ont la dégaine de guerriers, la chaîne au cou et à la taille, la capuche rabattue sur le front. Le torse nu ou en bermudas larges, ils dévoilent volontiers leur corps couvert de tatouages. D’amples pantalons en nylon à maxi poches font penser à des samouraïs.

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