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Marguerite Capelle
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4 mars 2023
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À Vincennes, Loewe se met à l’heure espagnole avec brio

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Marguerite Capelle
Publié le
4 mars 2023

Réduire la mode à des fondamentaux ultra stylés, voilà le thème du dernier défilé proposé par Jonathan Anderson pour la maison madrilène Loewe, et c’était de loin la collection la plus importante de la saison.

Loewe AW23


La collection était présentée dans un cube blanc immaculé, installé dans le jardin central du Château de Vincennes et décoré de fragiles sculptures cubiques en confettis dans des tons primaires, œuvres de l’artiste Lara Favaretto.

Du minimalisme, au sens où les détails superflus sont éjectés au profit des lignes et de la silhouette, qui se décline dans une nouvelle matière daim qui accroche l’œil, en cuir et sur de curieuses robes imprimés recyclées. A tel point que plusieurs robes présentaient des boutons de porte ou des clous sophistiqués au niveau de la poitrine, tandis que le tissu était simplement drapé, voire même jeté dessus.

Comme pour son défilé masculin Loewe, en janvier, Jonathan Anderson découpe des trous sur les flancs de ses robes et manteaux, pour mieux poser la main sur sa hanche. Les deux défilés ont également en commun des références à l’artiste Julien Nguyen, et à son tableau « The Guise of Fortune ».

« Du flou, de la fragilité et de la joie. Des gestes – depuis le défilé homme, avec ce bras sur lequel on s’appuie. C’est un geste émotionnel, à la fois défensif et sensuel. Des boutons de porte. Ou des clou posés sur la poitrine, suggérant un tissu simplement jeté ou drapé par-dessus. Des sortes de poupées robots. Une sensualité émotionnelle dans la garde-robe », expliquait Jonathan Anderson, avec cette syntaxe façon flux de conscience qui lui est propre.


Loewe - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Prêt-à-porter féminin - France - Paris - © ImaxTree


Dans une brillante juxtaposition avec les cubes de papier aux couleurs primaires, des looks entiers – pantalons, shorts et tuniques étaient ornés de plumes de coq, mais teintées de nuances subtiles, gris pâle, blanc et bleu azur.

Le tout porté par le morceau magnifiquement adapté You Want It Darker, et la voix âpre de Leonard Cohen. Le créateur a commencé par montrer une formidable série de robes « reliques », en référence à Gerhard Richter. Aucune de ces robes imprimées n’étaient des créations Loewe, à l’origine. De remarquables tricots étaient par ailleurs littéralement conçus comme des autocollants, qu’on peut retirer à l’envie, tandis que le créateur revisite, réinterprète et restructure.

Mais Jonathan épouse surtout les racines cuir et daim de la marque espagnole, avec une magnifique série de robes-chemises en veau, à col montant, aussi classes que cool. Ou encore ces manteaux de style édouardien en daim couleur sable, à la coupe divine. Beaucoup de textures cuir pour un effet de contraste traversent la collection.

Une super série de cabas Puzzle ultra profonds et de petits sacs à main vient compléter le tableau – ces derniers s’inspirent des techniques de vannerie japonaise – le tout dans un cuir d’aspect brut.


Loewe - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Prêt-à-porter féminin - France - Paris - © ImaxTree


C’était aussi le défilé le plus riche en chaussures stylées de la journée. Depuis ces bottes souples dignes d’un D’Artagnan, si le célèbre mousquetaire réapparaissait dans la peau d’un artiste, jusqu’aux Chelsea en daim égratigné, aux stilettos déclinés en différents cuirs, ou aux escarpins à talons hauts, rebrodés de confettis.

« Tous les sacs du défilé s’inspirent de modèles des 1970’s. Quand je suis arrivé chez Loewe, j’ai commencé par tourner le dos à tout ça. Mais depuis la pandémie, j’ai fait mienne l’idée d’une maison historiquement tournée vers le cuir. Un retour aux sources, car Loewe c’est le daim, c’est ce qui a fait la renommée de la maison », expliquait le créateur nord-irlandais.

En résumé, à l’issue de 22 jours de défilés, c’était le grand moment mode de toute la saison, dans les quatre capitales (New York, Londres, Milan et Paris). Même si cela se murmure tout bas, Jonathan Anderson a réussi, sans tambours ni trompettes, à faire de Loewe le défilé numéro un du calendrier.

Il y a plus d’un siècle, la célèbre espionne Mata Hari fut exécutée au Château de Vincennes. Aujourd’hui, on y consacre Jonathan Anderson, le plus influent des créateurs d’aujourd’hui.
 

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