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6 nov. 2019
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"Made in America" : les professionnels de l’habillement appellent à préciser les règles

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6 nov. 2019

Alors que Louis Vuitton a inauguré mi-octobre une usine au Texas, avec en toile de fond le relèvement des taxes sur les importations décidé par la Maison Blanche pour équilibrer la balance commerciale étasunienne, la filière de l’habillement entend mettre de l’ordre dans les notions de fabrication locale. Ainsi, pour arborer la mention "made in America", les produits doivent  à ce jour être entièrement ou "virtuellement entièrement" fabriqués sur le sol américain. Une définition que l’American Apparel & Footwear Association (AAFA) demande à la Federal Trade Commission (FTC) de repenser pour délimiter la mention "made in" aux pièces ayant subi une transformation substantielle aux Etats-Unis.


L'AAFA a appuyé sa demande d'une meilleure définition du label en citant la plus grande permissivité entourant le "made in Italy" - Shutterstock


"Notre argument est que les consommateurs ne peuvent savoir avec certitude si l’interprétation que fait une entreprise du ‘virtuellement entièrement’ est alignée sur leur compréhension propre de cette notion", a expliqué l’AAFA le 26 septembre dernier à Washington, à l’occasion d’une table ronde organisée par ladite commission. "Nous estimons que ce manque de définition peut amener les clients à se sentir trompés, et laisser les entreprises incertaines quant au fait que l’étiquette qu’arborent leurs produits sera jugée délictueuse par la FTC."

Le fait que cette demande émane d’une organisation réunissant marques et enseignes d’habillement s’appuie notamment sur le traitement particulier réservé à cette filière. Cette dernière doit ainsi se conformer à la règle dite du 'one step removed'. En clair, un produit façonné aux Etats-Unis à partir de tissus produits à l’étranger ne pourra se prévaloir du 'made in America'. En revanche, une pièce façonnée localement avec des matériaux produits sur territoire en aura le droit, même si l’assemblage mobilise des fils produits à l’étranger.

La FTC valide par ailleurs des labels mentionnant 'made in USA from imported parts' (fait aux Etats-Unis à partir de tissus importés), ou encore 'assembled in the USA' (assemblé aux Etats-Unis). Des notions que l’AAFA, interrogée par la FTC, juge mieux comprises par les consommateurs que le "made in America". Pour l’association, les clients sont ainsi habitués à la mention des pays d’origine. Et rappelle qu’un très grand nombre de pièces d’habillement arborant le label "made in China" ont été pensées, développées, conçues et marketées depuis le sol américain.

Un point qui amène d’ailleurs l’AAFA à rappeler la versatilité de la notion du "made in" selon les pays. "Un vêtement fabriqué en Italie à partir d'un tissu importé portera une étiquette qui indique simplement 'made in Italy' » explique l’organisme. "Si ce même vêtement était fabriqué aux États-Unis, l'étiquette indiquerait 'made in USA from imported parts' ". Un point qui, concède l’AAFA, ramène le débat à une question récurrente : Un label national conserve-t-il une réelle valeur si d’autres pays exportateurs appliquent des règles plus permissives aux leurs ?

En France, où se tient du 8 au 11 novembre le salon du Made in France MIF Expo, en attendant le rendez-vous des façonniers Made in France Première Vision en avril 2020, la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) impose selon les marchés qu’un certain pourcentage des composants d'une pièce soit produit localement, et que certaines opérations de transformation soient menées en France.

Le label France Terre Textile impose quant à lui qu’un minimum de 75 % des étapes de fabrication soient menées en France, tandis qu’Origine France Garantie exige qu’au moins la moitié du prix de revient unitaire soit acquis en France, où la pièce doit par ailleurs prendre "ses caractéristiques essentielles".

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