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"L'étoffe des héroïnes", ou l'insertion par la couture

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27 juin 2007

PARIS, 27 juin 2007 (AFP) - Hormis le crépitement d'une ou deux machines à coudre, rien ne trouble le silence : à quelques jours de l'exposition de leurs travaux au Petit Palais, l'heure est à la concentration pour Adriana, Malika et leurs camarades.


Sakina M'sa

Elles sont sept -sur les treize inscrites- à participer ce jour-là à l'atelier de couture dirigé par la styliste Sakina M'sa, installé dans le bâtiment même du musée. L'aiguille à la main, autour d'une grande table, ou penchées sur leur machine, elles mettent un point final aux tenues qu'elles ont créées à partir de vêtements de récupération.

Ces femmes au chômage, pour la plupart immigrées, ont davantage l'habitude de fréquenter les centres sociaux de Paris ou de la Seine-Saint-Denis que le Petit Palais où elles se rendent chaque semaine depuis sept mois pour admirer les tableaux et faire de la couture.

"On nous a raconté l'histoire des tableaux, des peintres, et aussi dit des contes. Après, on nous a demandé de travailler nos vêtements en rapport aux tableaux", explique Adriana. Brigitte, par exemple, s'est inspirée d'un tableau de Courbet.

"On a juste suivi le principe de base de Sakina, c'est-à-dire la désobéissance", précise Adriana. "On prend des vêtements et on les détourne de leur fonction originelle", ajoute la jeune femme d'origine chilienne, en achevant de rassembler à grands points rouges un gilet noir et un pull corail destinés à se transformer en "top".

Au fond de la salle, des reproductions de tableaux rappellent les thèmes étudiés dans les peintures: "motifs", "matière", "montré-caché", "évolution de la silhouette".

"Tout le monde a mis beaucoup de soi dans le vêtement", souligne Adriana qui ne connaissait "même pas le minimum" en couture avant de participer à l'atelier. "Ca a été très fort comme expérience", dit-elle. "Le vêtement est quelque part révélateur d'une âme et ici, il y a des âmes très diverses". "Ce sont des histoires de femmes, aussi des souffrances".

Malika, "tombée dans la couture au Maroc à l'âge de treize ans", se réjouit de "fréquenter ce lieu (le Petit Palais) plein d'histoire, de choses précieuses", tout en finissant habilement de transformer une veste en jupe.

Chacune suit les instructions de Sakina M'sa, notées sur un bout de papier épinglé sur le tissu ou données de vive voix par la styliste qui supervise les finitions et procède aux ultimes ajustements.

Kalaichelvi, discrète jeune femme originaire du Sri Lanka, n'oubliera rien : dans un cahier d'écolier, elle a tenu un journal de bord plein d'échantillons de tissu, de dessins aux crayons de couleur, de notes sur le travail exécuté.

Sarah, plantureuse "star" de l'atelier, présente avec fierté "melting pot", la robe qu'elle vient de terminer, patchwork de "draps des hopitaux de Paris teints à la main en vert, chemise de nuit et jupe".

Pour Sakina M'sa, "le projet du Petit Palais va permettre de voir combien chaque personne a quelque chose de fort et de personnel à partager". "L'idée était de se dire qu'avec la culture, on pouvait créer de l'économie et avec la couture aussi."

Cet atelier "est une première à Paris", affirme à l'AFP Jean-Christophe Aguas, chargé de mission culture à la Délégation à la politique de la ville et de l'intégration de la Ville de Paris. Les femmes "viennent travailler dans une logique de retour à l'emploi", ajoute-t-il en se félicitant que six d'entre elles aient "réussi à trouver du travail".

Une quarantaine de vêtements seront présentés dans le cadre de l'exposition, intitulée "L'étoffe des héroïnes" (du 29 juin au 19 août).

Par Dominique SCHROEDER

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