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10 mai 2005
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le "Sentier" ne fabrique plus guère, mais il a des idées

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10 mai 2005


Le "Sentier", pépinière de firmes françaises de prêt-à-porter qui fournissent la grande distribution, expose ses collections au salon Intersélection, et veut montrer comment tirer son épingle du jeu grâce à un design en pointe de la mode, même si la fabrication s'effectue en Asie.

Les trois-quarts des achats de vêtements en France s'effectuent en grande distribution (chaînes de centre-ville, hypermarchés, vente à distance) plutôt que dans les boutiques indépendantes, expliquent les organisateurs du salon, qui se tient de mardi à jeudi à Paris-Villepinte.

Ces distributeurs organisent eux-mêmes leurs collections en les faisant fabriquer dans les pays à bas coûts. Mais ils s'adressent aussi aux opérateurs du Sentier, réputés pour leur flair des tendances. Ces derniers leur organisent des collections pour leurs marques de distributeurs.

Les opérateurs français présents à Intersélection ont depuis longtemps quitté les ruelles historiques du quartier parisien du Sentier. Ils gardent des ateliers de confection en banlieue, à Malakoff, Issy-les-Moulineaux ou Saint-Denis et dans le centre de la France.

Cette activité non négligeable représente encore quelque 20.000 emplois, selon Xavier Marin, délégué général de la Fédération de la maille, l'un des organisateurs du salon.

Mais les ateliers français ne fabriquent que des séries de petite quantité ou surtout du "réassort", ces compléments de production à fournir en en week-end lorsqu'un article venu de Chine est en rupture du stock.


Pour les grandes séries qui forment l'essentiel de l'offre, les distributeurs passent commande depuis des années dans les pays à bas coût, surtout en Chine, d'autant plus depuis la fin des quotas chinois début 2005. De nombreux ateliers du Sentier ont fermé depuis 10 ans.

Sur un marché du vêtement où les prix baissent de 3% par an et où les Français ne consacrent plus que 3,6% de leur budget, la concurrence est acharnée.

Devant les exigences de prix de la grande distribution, des opérateurs du Sentier ont choisi une voie plus profitable: créer leur marque, comme Lulu Castagnette, Complice ou Naf-Naf, elles aussi fabriquées en Asie.

"Avant, l'essentiel de la valeur ajoutée venait de la fabrication, maintenant elle réside dans la conception et la commercialisation", explique M. Marin.

Poussant la logique à son terme, apparaissent des spécialistes du design, complètement détachés de la fabrication. C'est le cas de Camps, marque prisée des adolescents, qui se contente de vendre son nom à ceux qui la fabriquent en Asie, en Inde et au Pakistan.

"Je ne produis rien, je n'achète rien. Nous nous concentrons sur la créativité, le concept, la publicité, et nous vendons notre licence à des groupes qui se chargent de la fabrication", explique son responsable David Abisror.


Son entreprise, Prostyle, développe la marque Camps dans tous les domaines: vêtements enfants, adultes et bientôt layette, lingerie et linge de maison.

Ce choix de l'immatériel lui assure une marge d'environ 6%, trois fois moins que s'il s'occupait de faire fabriquer en Asie. Mais il est délivré des contraintes de livraison et de stockage et se consacre davantage à son image.

Son souci du marketing a été payant: contrairement aux autres marques qui sont peu présentes en hypermarchés, Camps a convaincu Carrefour d'acheter ses produits et de les vendre dans des présentoirs portant son logo.

Cette solution ne génère que très peu d'emplois: malgré les 35 millions d'euros de chiffre d'affaires de sa marque, Camps n'emploie qu'une dizaine de personnes.

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