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21 sept. 2016
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Suket Dhir séduit avec sa mode masculine teintée de culture indienne

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21 sept. 2016

Dans son petit atelier affairé de New Delhi, Suket Dhir, « superstar mondiale de la mode en devenir », selon le magazine Vogue, apporte la touche finale à la collection homme qu'il doit livrer en plusieurs exemplaires à des boutiques de New York, Paris, Tokyo, Séoul et Sydney.

Suket Dhir mêle code occidentaux et inspiration issue de la culture pendjabi - Suket Dhir


A 37 ans, ce couturier indien est à un tournant crucial de sa carrière. En janvier, il a été auréolé du prestigieux prix International Woolmark, gagné en leur temps par Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld.

« S'il y a un prix à gagner, c'est celui-là. Mais je n'ai jamais pensé que je me retrouverais en position de l'avoir », confie Suket Dhir à l'AFP. Cet homme à la carrure imposante, barbe épaisse poivre et sel, et chapeau melon vissé sur la tête, souligne n'avoir jamais osé « s'imaginer comme un designer de premier plan ».

Le prix qu'il a remporté le contraint aujourd'hui à jouer la montre pour assurer dans les temps prévus la livraison de la collection lauréate de prêt-à-porter masculin à l'occidentale, avec une touche indienne. Un défi.

Pour la fabrication de ses collections, le modéliste recourt à des artisans traditionnels situés en zones rurales. Mais ces derniers ne sont pas habitués à travailler le type de laine requis pour cette collection, qui peut se déformer dans le climat chaud et humide de l'Inde en période de mousson.

« C'est la première fois que nous devons tisser un matériau aussi difficile avec une date-butoir rapprochée (...) Nous sommes un petit peu en retard par rapport au calendrier, mais nous y arrivons », concède-t-il.

Les juges du prix International Woolmark ont été particulièrement sensibles à son attention au détail dans les vestes, chemises et pantalons flottants qu'il leur a présentés, autant de créations inspirées de son enfance avec son grand-père dans l'Etat du Pendjab (nord de l'Inde).

Les doublures de ses vêtements sont imprimées de motifs insolites, comme des parapluies. Les boutons de ses chemises sont cousus avec un fil différent du reste.

Esthétique minimaliste

Suket Dhir ambitionne pour ses vêtements une esthétique minimaliste, souhaitant les voir portés au jour-le-jour.


« Quand je songe à mon grand-père, je songe à ces magnifiques vestes et vestons qui se passaient de génération en génération », explique-t-il.
Se différenciant des tenues traditionnelles indiennes, souvent parées de broderies et aux couleurs chatoyantes, ce père d'un enfant dit être « incapable de faire dans le tape-à-l'oeil ».

La célèbre journaliste de mode indienne Shefalee Vasudev salue en Suket Dhir le représentant d'un prêt-à-porter moderne et subtil. « Son oeuvre a du sens. Il n'essaye pas d'attirer l'attention. Il n'est pas en train de dire "regardez-moi, je suis tellement génial" et c'est vraiment rafraîchissant dans la mode indienne », commente-t-elle.

Mais, met-elle en garde, les mois à venir seront vitaux pour la carrière de Suket Dhir et il lui faudra transformer l'essai. Rares sont les Indiens ayant réussi à acquérir une reconnaissance internationale et recevant des commandes régulières. La récompense qu'il a obtenue « est très importante car ça veut dire qu'on vous ouvre la porte. (Mais) Il faut arriver à maintenir la qualité et à suivre au niveau de la quantité, des livraisons », explique-t-elle.

Pour le couturier, le chemin jusqu'à la mode a été sinueux et plein de détours. Suket Dhir n'a découvert sa vocation que sur le tard. Il a d'abord travaillé dans un centre d'appels, vendu des téléphones portables, échoué à l'université... avant de lancer sa marque en 2010. Les premières années ont été difficiles. L'argent a manqué.

Aujourd'hui, Suket Dhir perçoit son prix comme le couronnement de sa persévérance et de son intransigeance esthétique. Il se prend désormais à rêver à des lendemains qui chantent. « Pour le moment, nous sommes à l'équilibre » financier, dit-il. « J'aimerais bien avoir un bureau plus chic, une voiture plus chic... Mais on y arrivera en temps voulu. »

Par Trudy Harris

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