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Salomon illustre le plongeon des industries de fabrication françaises, délocalisées

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21 déc. 2005

PARIS, 21 déc 2005 (AFP) - Les suppressions d'emplois chez l'équipementier sportif Salomon illustrent l'effondrement des industries de main d'oeuvre en France, concurrencées par les pays à bas coûts, après une année marquée par des fermetures en série dans le textile, la mécanique, voire l'agroalimentaire.


Vue prise le 20 décembre 2005 de l'entrée du siège social de Salomon à Metz-Tessy - Photo : Jean-Pierre Clatot

Le célèbre fabricant de skis, qui avait été acheté par Adidas en 1997 avant d'être vendu il y a six mois au finlandais Amer Sports, va supprimer 378 emplois dans ses usines de Haute-Savoie, emboîtant le pas à son concurrent Rossignol qui avait annoncé en novembre la perte de 104 postes.

"Depuis les années 90, nous assistons à l'accélération des délocalisations des emplois les moins qualifiés vers l'Est, et l'industrie du ski n'y échappe pas", commente Xavier Timbeau, directeur du département prévision et analyse à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

"Une partie des tâches qui étaient réalisées dans les usines implantées sur le territoire français se font désormais en Roumanie, en Pologne, en Hongrie essentiellement parce que la main d'oeuvre y est moins chère (rapport de 1 à 4 entre la France et la Roumanie) mais aussi de par la proximité géographique", souligne-t-il.

"L'ouverture à l'Est a été d'autant plus facile que les coûts de transport y sont très faibles, les entreprises n'ont eu par conséquent aucune difficulté à installer une usine de production en Roumanie, en Ukraine, en Pologne ou en Hongrie", renchérit M. Timbeau.

Autre cas récent, celui de l'entreprise Fralsen (composants pour montres), dans le Doubs, où 141 emplois seront supprimés d'ici 2007 en raison d'une délocalisation d'activité en Chine, ou encore Faurecia, un des leaders mondiaux de l'équipement automobile, qui envisage une réduction de 387 postes en France l'année prochaine.

Plus globalement, les effectifs de l'ensemble du secteur des biens d'équipements mécaniques ont baissé de 24% entre 1991 et 2004, selon des statistiques de l'Insee.

Dans le secteur textile, la chute des effectifs a été encore plus forte au cours de la même période (-53%) et ceux-ci se sont véritablement effondrés dans l'habillement-cuir (-86%) toujours selon les chiffres de l'Insee.

Dans ce secteur, la fabrication en Chine a aggravé et accéléré la crise.

"Si l'on prend l'exemple du surf au pays basque, il y a des marques de vêtements mondialement connues, qui sont certes conçues sur place mais entièrement fabriquées en Inde, au Maroc ou en Chine", poursuit M. Timbeau.

Tissage de Picardie, l'entreprise dirigée par Guillaume Sarkozy, président de l'Union des industries textiles - et frère du ministre de l'Intérieur - n'a d'ailleurs pas résisté : elle a été placée en redressement judiciaire le 30 septembre.

Selon M. Timbeau, l'industrie française parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu sur les activités à plus haute valeur ajoutée.

Pourtant, il semblerait que la concurrence gagne les postes plus qualifiés. Ainsi dans le domaine de l'agro-alimentaire, Nestlé France pourrait transférer sa comptabilité en Roumanie, ce qui entraînerait 80 suppressions d'emplois.

Selon une étude réalisée par le groupe britannique Cushman and Wakefielfd, environ 17% des entreprises implantées en Europe envisagent de délocaliser ou d'externaliser des activités d'ici deux ans, et la moitié d'entre elles prévoit de le faire dans les pays d'Europe centrale ou de l'Est.

Les activités qu'elles prévoient de délocaliser sont la production (61%), la distribution (32%) mais aussi l'administration (29%) et les centres d'appel (15%).

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