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21 mars 2017
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PeclersParis : ce que les tendances disent d’un climat anxiogène

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21 mars 2017

La mode est une éponge, c'est un fait, et le contexte politique et économique français comme mondial semble l'atteindre d'une certaine manière. C'est à l'aune de ce constat que le cabinet de tendances PeclersParis a livré sa prévision mode féminine pour l’automne-hiver 2018-19. L'agence a ainsi identifié ce qu'elle considère comme les quatre courants transversaux de la saison sur laquelle vont bientôt plancher les créatifs. Quatre courants qui livrent le reflet d’une angoisse latente, que ce soit dans une attitude mode qui consiste à la combattre ou bien à la digérer.

Visuel d'illustration de la tendance « Affranchi » - PeclersParis

 
Le premier courant se veut « affranchi », annonce PeclersParis. « L’esprit de contestation réapparaît dans un contexte politique et économique durci ». Jamais vraiment disparu ces dernières années, l’esprit punk n’est donc toujours pas mort et sera bien présent pour l’automne-hiver 2018-19, prédit l'agence. Une silhouette « sexy radical »,  très féminine et très impertinente. « Les pièces essentielles deviennent irrévérencieuses », annonce-t-on, dans un grand vacarme de volumes contrastés. L’outrageusement court se marie avec le blouson oversize, l’approche matière est brute, sans fioritures, avec une prédominance de matières simples froissées, déchirées. La palette de couleurs est, sans surprise, très sombre : du noir aux gris, avec des accents british camel ou bleu navy, et seulement quelques pointes criardes rose, mauve ou argent.
 
La punk trouvera en revanche sa plus pure contraction dans un autre courant mode dit « paranormal », incarné par une « beauté glaçante ». « Dans un monde inquiétant où l’utilitarisme et l’efficacité prédominent, et prennent souvent le pas sur l’humain, se développe un fantasme autour d’un univers rétro futuriste robotisé, froid et un peu kitsch », affirme PeclersParis. Une allure stricte : « un besoin de protection révèle une femme dominante anti-cute, qui impose un uniforme corporate dramatisé », explique l'agence. Froideur, rigidité : un tableau un peu angoissant qui dépeint des femmes de pouvoir implacables. Côté gamme colorée : « l’ambiguïté inquiétante du violet se décline du mauve néon aux pourpres fumés, vénéneux et bleu dense », que l’agence complète avec ce qu’elle appelle « jaune Frigidaire, vert Formica et camel linoléum ».

Visuel d'illustration de la tendance « Paranormal » - PeclersParis

 
Une femme austère qui ne passera certainement pas ses vacances avec la suivante, véritable « spécimen », selon PeclersParis. Dans ce courant mode, c'est une réaction franche et violente à l’austérité, à la morosité, qui s'exprime dans l’excès. Le contexte économique, social et politique est toujours la toile de fond de cette rébellion en volumes et en couleurs. Ici, le besoin de « devenir visible en affirmant sa singularité devient vital ». « Clash », « tapage », « extrême », le vocabulaire décrit une attitude mode de résistance. Les références s’entrechoquent : pyjama régressif, bling-bling hip-hop, dégaine de peluche. L’antidote au pessimisme, selon PeclersParis, a évidemment tendance à dégainer les couleurs vives : rose dominant, tantôt trash, tantôt sucré, assumé avec un camaïeu de beiges et de blancs tout en lumière, croisant au passage des jaunes acides. Les volumes aussi seront provocants, oversize à tous les étages, le détail incontournable pourrait bien être la profusion de volants tout sauf discrets et la pièce surprise de la saison la robe-chemise djellaba exubérante.

Visuel d'illustration de la tendance « Spécimen » - PeclersParis

 
Mais tout le monde ne réagira pas à un contexte anxiogène par le combat, quelques-uns choisiront l’évasion. « L’instabilité des structures de la société moderne conduit à un nomadisme permanent, urbain ou sauvage », affirme ainsi Peclers Paris. Le dernier courant de mode féminine identifié est celui d’une « pionnière » pour qui la « recherche de modes de vie alternatifs et une énergie novatrice entraînent le besoin d’un outdoor techno qui protège d’un univers hostile », explique l’agence. Un métissage entre streetwear et ethnique que celle-ci voit bien se matérialiser sur « des bombers (qui) se parent de broderies et de décors précieux inspirés de l’Orient ». La gamme de couleurs relève là du paysage et du végétal, entre écrus, verts, bruns.

En conclusion, toutes tendances confondues, PeclersParis prédit une féminité qui « se renforce en assumant ses différentes facettes et en se protégeant des agressions extérieures » et voit la silhouette de l’automne-hiver 2018-19 comme celle d’une « combattante tout-terrain ».

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