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Parfums : de grands noms du luxe épinglés en France pour entente sur les prix

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14 mars 2006

PARIS, 14 mars 2006 (AFP) - Plusieurs grands noms du luxe et trois distributeurs de parfums et cosmétiques ont été condamnés mardi à une lourde amende pour entente, qui s'est traduite par une hausse des prix pour le consommateur.


Devanture Marionnaud - Photo : Franck Fife/AFP

Le Conseil de la concurrence, qui s'était auto-saisi, a infligé une amende globale de 46,2 millions d'euros à 13 sociétés exploitant des marques de parfums et cosmétiques de luxe, ainsi qu'aux distributeurs Marionnaud, Nocibé et Séphora.

Ces 13 fournisseurs fixaient à leurs distributeurs le "prix public indicatif", ainsi que le taux de remise maximum qu'ils étaient autorisés à pratiquer, de façon à uniformiser vers le haut les prix de détail des produits offerts à la vente.

Les fournisseurs mettaient en place une "police des prix" consistant en des contrôles des prix pratiqués, des pressions et des menaces de représailles commerciales à l'égard des distributeurs qui refusaient d'appliquer les prix imposés par la marque et voulaient faire jouer la concurrence en vendant à des prix plus bas.

Au final, le consommateur trouvait son parfum de marque préférée au même prix chez différents distributeurs et ne pouvait donc pas faire jouer la concurrence entre points de vente.

L'Oréal a été condamné à 4,1 millions d'euros, Chanel à 3 millions, Parfums Christian Dior 2,2 millions, Yves Saint-Laurent Parfums 1,8 million, Guerlain 1,7 million, ELCO (Clinique et Estée Lauder) 1,6 million, Beauté Prestige International (Jean-Paul Gaultier et Issey Miyake) 810.000 euros, Thierry Mugler Parfums 640.000, Kenzo Parfums 600.000, Parfums Givenchy 550.000, Comptoir nouveau de la parfumerie (Hermès) 410.000, Shiseido France 340.000 et Pacific Création Parfums (Lolita Lempicka) 90.000.

Marionnaud doit payer 12,8 millions d'euros, Nocibé 6,2 millions d'euros et Séphora 9,4 millions d'euros.

LVMH, concerné par cette condamnation via ses marques Parfums Christian Dior, Guerlain, Parfums Givenchy et Kenzo Parfums, ainsi qu'au travers de son enseigne de magasins Séphora, a décidé de faire appel.

"C'est en vain que les marques poursuivies ont fait valoir que l'uniformisation des prix de détail à un niveau élevé faisait partie de la défense de +l'image de luxe+ de leur produits", indique le Conseil, autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect de la concurrence en France.

"En réalité, cette absence de concurrence, organisée par l'entente entre le producteur et ses distributeurs, permet à tous d'augmenter puis de se partager le surplus obtenu au détriment du consommateur", souligne le Conseil.

Toutes ces amendes sont proportionnelles aux chiffres d'affaires des groupes respectifs. Le Conseil n'a décidé de poursuivre que les gros distributeurs, estimant que ces derniers avaient les moyens d'opposition face aux fournisseurs, contrairement aux petits.

A l'inverse de l'entente "horizontale", conclue entre concurrents directs, cet accord dans la parfumerie de luxe est dit "vertical", car liant différents niveaux de la chaîne de production/distribution, en l'occurence fournisseurs et distributeurs.

Le Conseil de la concurrence avait condamné en décembre les fabricants d'électronique Philips, Sony et Panasonic à 34,4 millions d'euros d'amendes. En décembre 2005, il avait infligé une amende record de 534 millions d'euros aux trois opérateurs de téléphonie mobile français Orange, SFR et Bouygues Telecom pour entente.

Par Bertille OSSEY-WOISARD

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