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5 avr. 2017
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Les fédérations françaises de la mode font front commun

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5 avr. 2017

A l'occasion du salon Traffic, qui ouvrait ses portes le 5 avril au Carreau du Temple (Paris IIIe), six dirigeants de fédérations françaises de la mode se sont réunis pour appeler à un travail commun des marques et fournisseurs pour mener à bien la mutation de la filière, des enjeux internationaux au numérique, en passant par l’épineuse question des prix et la difficile transmission des savoir-faire. Le tout face à une audience elle-même composée d'autres fédérations, d'organismes étatiques, organisateurs de salons et autres bureaux de style, donnant à l’ensemble des allures d’assemblée générale de la filière mode française.

Bernard Morvan, Dominique Seau, Pierre-François Le Louët, Sylvie Chailloux, Pascal Morand et Claude Miserey - Matthieu Guinebault/FashionNetwork


« J'ai toujours regretté qu'il n'y ait pas plus de dialogue entre les différentes fédérations, a indiqué en ouverture Pierre-François Le Louët, président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, qui organise Traffic. Les sujets que nous avons à traiter sont très nombreux. Certains se recoupent. Mais cela nécessite un degré d'expertise de la part de nos fédérations sur un grand nombre de sujets. Et je pense qu'on aura du mal à développer les expertises nécessaires dans tous ces domaines, dans ce contexte qui évolue chaque jour. Mais c’est tout l’intérêt de notre filière : elle bouge. Malgré des résultats parfois difficiles, chaque jour apporte sa nouvelle proposition. La charge sur nos épaules respectives est lourde. »

« L’un des champs de notre action, c’est le rayonnement de la mode française », pour Pascal Morand, président exécutif de la Fédération Française de la Couture, du Prêt à Porter des Couturiers et des Créateurs de mode. « La Fashion Week est un gros enjeu. On a un afflux de candidatures, en prêt-à-porter comme en couture. Avec 50 % aujourd’hui de créateurs étrangers qui défilent et donc 50 % de Français. On peut faire en sorte que ce côté "Ville Lumière" puisse bénéficier aux marques, mais aussi aux entreprises. »

L’international est bel et bien un passage obligé pour la filière, rappelle Dominique Seau, président de la Fédération de la Maille et de la Lingerie et dirigeant d’Eminence. « Nos adhérents sont souvent des PME. On a besoin d’aller chercher la croissance là où elle est. Et, à de rares exceptions, elle est en Europe. »

« Nous avons un savoir-faire que nous cherchons à valoriser, indique de son côté Sylvie Chailloux, présidente de Mode Grand Ouest et administratrice de l'Union Française des Industries Mode et Habillement. Nous avons aujourd’hui des marques clientes qui ont compris qu'elles avaient tout intérêt à valoriser leurs fournisseurs. Nous avons des marques très attachées à notre travail. »

« Pour nous, 2012 a été la dernière année d'équilibre entre ouvertures et fermetures de magasins », indique Bernard Morvan, président de la Fédération Nationale de l'Habillement, qui représente les détaillants. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des bouleversements, comme la RSE, le numérique… Nous demandons plus de reconnaissance pour le travail que nous faisons. Les marques nous accompagnent dans le maintien des commerces. Mais le problème est que nous manquons de marques leaders pour aider à réinstaller des points de vente. Si, nous, nous disparaissons, c'est tout l'amont de la filière qui disparaît, ne l'oublions pas ! »

« Il faut obtenir d’urgence la suppression total du plafond de verre, qui fait que les sommes levées auprès des entreprises par nos organismes professionnels tombent, au-delà d’un certain montant, dans les caisses de l’Etat », pointe de son côté Claude Miserey, président de la Fédération Française des Industries du Vêtement Masculin. « C’est du détournement de fond. C’est du vol ! » lâche-t-il, sur un sujet dont s'était notamment emparé le Conseil National du Cuir.

Le numérique a été largement évoqué. De la capacité qu’il donnera aux industriels 4.0 à gérer le cycle de production de manière coordonnée, pour Sylvie Chailloux, jusqu'à l’analyse des données récoltées auprès des consommateurs pour mieux répondre aux besoins, pour Dominique Seau, en passant par l’aura démultipliée qu’offre Internet à la Paris Fashion Week, pour Pascal Morand.

A également été débattue la question des soldes, « problème qu’il faudra bien un jour régler » pour Pierre-François Le Louët. Bernard Morvan se demandant pour sa part comment convaincre les grandes marques de mettre le holà sur les prix barrés à l’année et appelant à mieux expliquer au consommateur le sens originel de ces remises dans le rythme saisonnier, ainsi que le prix réel des produits.

Côté production, Sylvie Chailloux appelle à la mise en place de niches de distribution, selon elle l'étape logique après les niches produits qui se multiplient. Tandis que se fait toujours plus pressant, pour Dominique Seau, le problème de la transmission du savoir-faire, sur des tâches techniques dont certaines ne sont plus désormais enseignées dans les écoles françaises. Tous les intervenants s’accordant pour dire que les solutions à ces enjeux multiples ne pourront être trouvées que collectivement.

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