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4 mars 2009
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Les dessous sexy de la capitale syrienne

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4 mars 2009

Strings au goût chocolat, culottes ornées de canaris qui se mettent à chanter, soutiens-gorge à plumes et à lumières clignotantes, toute cette lingerie kitch et provocante est vendue dans le grand souk populaire de "Hamidyié" de la capitale syrienne.


Photo : Louai Beshara/AFP

"Des femmes voilées ou non, et même des hommes viennent acheter", affirme Samer, debout devant son étal coloré dans le souk qui mène à la célèbre mosquée des Omeyyades.

Les clients ont l'embarras du choix. Il montre des culottes vertes, orange, en peluche, en vinyle, "avec poche pour portable", des strings "qui tombent quand on claque des mains", à volants, au goût de fraise ou de chocolat.

Il espère doper ses ventes cet été surtout avec les ensembles "écolière", "femme de ménage" ou "infirmière" nouvellement créés.

Sa minuscule échoppe offre également des chewing-gum aphrodisiaques baptisés "Jaguar Power", des gels de massage excitants, des sprays retardateurs, importés de Thaïlande et de Chine et empilées sur une table. "Beaucoup de femmes en achètent pour elles et leurs maris", lance Samer, nullement gêné, au milieu d'une orgie de slips et de bustiers à frou-frou accrochés aux murs.

En ce moment, les échoppes sont moins fréquentées. Les ventes sont bien moins élevées qu'il y a trois ans, selon plusieurs marchands qui n'évoquent pas explicitement la récession économique. Ils espèrent que cet été, les boutiques "seront remplies de touristes" notamment du Golfe qui sont attirés par ces dessous affriolants.

Une pharmacienne de 36 ans, Maha, dit avoir acheté une fois "pour rire" de la lingerie kitch en se baladant avec ses copines.

Vendre de la lingerie sexy dans un souk populaire à Damas ne semble surprendre personne. La "culture du plaisir sexuel" occupe une place importante dans la société musulmane, explique un sociologue qui préfère ne pas donner son nom.


Photo : Louai Beshara/AFP

Dans cette société patriarcale et conservatrice où la polygamie est autorisée, "la femme musulmane s'efforce de maintenir une certaine attraction sexuelle. Mais elle réserve l'érotisme à son mari. Limitée dans sa liberté, tous les défoulements sont permis à l'intérieur", a-t-il expliqué.

Amal, une jolie femme de 42 ans arborant une écharpe fleurie, est venue choisir de la lingerie pour sa fille qui se marie cet été avec son cousin. Un ensemble de "danseuse du ventre" est devenu "un must" dans les trousseaux des jeunes mariées, affirme-t-elle alors qu'elle en choisit un rebrodé de paillettes dorées.

"Les épouses musulmanes se doivent d'être désirables, faire plaisir à leurs maris pour les empêcher d'aller voir ailleurs", dit-elle avec un large sourire.

Rachad, 37 ans a pris une combinaison en mousseline et vinyle ornée de dentelle rouge, à 17 dollars. "C'est un cadeau pour ma femme. Je lui offre régulièrement des cadeaux pour innover", dit-il.

Le vendeur lui montre des chemises de nuit bordées de plumes, des nuisettes rose, des guêpières en dentelle.

"La religion musulmane ordonne à la femme de se faire belle pour son mari, c'est connu", assure à l'AFP Mohammad Habache, directeur du Centre des études islamiques à Damas.

Une femme voilée qui s'achète de la lingerie sexy "n'a rien de contradictoire. Une femme peut s'acheter toute ce qu'elle désire même un ensemble de danse du moment qu'elle veut faire plaisir à son époux. C'est non seulement un droit mais une obligation", insiste M. Habache en citant des recommandations de la religion musulmane.

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