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10 févr. 2017
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Les cosmétiques « anti-pollution », un avenir sans nuage ?

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10 févr. 2017

« Bouclier urbain », « City Block », « City Defense »... Les fabricants de cosmétiques deviennent toujours plus nombreux à lancer des produits censés protéger la peau des effets néfastes de la pollution atmosphérique dans les grandes villes, malgré l'absence de tests d'efficacité standardisés. La tendance des cosmétiques estampillés « anti-pollution » est apparue en Asie-Pacifique depuis une décennie mais « a pris de l'ampleur depuis deux/trois ans », relève Sharon Kwek, analyste à Singapour du cabinet d'études Mintel interrogée par l'AFP.

La marque française Noxidoxi s'est faite connaître avec sa gamme « bouclier urbain » - Noxidoxi


Cette catégorie représentait, en 2016, 1 % des produits de beauté lancés au niveau mondial, mais son potentiel de ventes est « énorme » à l'avenir, selon Sharon Kwek. « C'est une catégorie du soin de la peau qui est partie pour durer », confirme Maria Coronado Robles, analyste chez Euromonitor. « Les consommateurs sont de plus en plus conscients des effets de la pollution de l'air sur la peau et l'apparence, et c'est ce qui stimule la demande pour ces produits dans le monde », dit-elle à l'AFP.

En France, le distributeur sélectif de cosmétiques Nocibé a indiqué à l'AFP avoir relevé des poussées de ventes de ce genre de produits l'an dernier, notamment lors des pics de pollution en fin d'année. En parapharmacie également, les ventes de cosmétiques anti-pollution semblent accélérer. « Depuis deux ans ça augmente, particulièrement depuis cet été, et cet hiver encore plus », confie Marie-Hélène Gondran, gérante d'une pharmacie du réseau Pharmabest à Lyon.

La plupart des grandes marques ont investi le créneau, de Dior (groupe LVMH) à Chanel en passant par le japonais Shiseido, Clinique (groupe Estée Lauder), Clarins, ou encore L'Oréal avec ses marques Lancôme, Vichy, La Roche Posay ou SkinCeuticals. En 2015, L'Oréal a notamment publié deux études scientifiques sur l'impact de la pollution sur la peau de centaines de femmes volontaires au Mexique et en Chine.

La charrue avant les boeufs ?

« Ces études ont montré que la pollution augmentait la production de sébum, et donc pouvait engendrer plus de points noirs, plus d'imperfections. La pollution augmente aussi la sensibilité, fragilise la barrière cutanée et aggrave systématiquement les problèmes de peau existants », résume Brigitte Liberman, directrice générale de la division Cosmétique Active chez L'Oréal.

D'autres études ont par ailleurs indiqué que les rayons solaires UVA étaient un facteur aggravant de l'impact de la pollution sur la peau, ajoute Brigitte Liberman, interrogée par l'AFP. D'où des produits anti-pollution associant souvent des filtres UV, que l'on retrouve dans les crèmes solaires, et des antioxydants, bien connus des produits anti-âge.

« Il n'y a pas de grandes innovations en termes d'ingrédients » pour les produits anti-pollution, reconnaît Emmanuelle Moirand, directrice scientifique de Clinique Europe. « Mais ça a permis de les utiliser en synergie : on va associer des antioxydants avec des réparateurs de la barrière cutanée, des protecteurs UV... Les formules sont aussi un peu plus élaborées et plus ciblées », explique Emmanuelle Moirand.

Mais il n'existe pas à l'heure actuelle de protocoles standardisés pour mesurer l'efficacité de ces produits: chaque marque base ses affirmations sur ses propres méthodes de tests. Par conséquent, les fabricants ne sont « pas en mesure d'indiquer au consommateur le niveau de protection offert contre la pollution », sauf en ce qui concerne la protection solaire où des indices existent, déplore Maria Coronado Robles.

« L'industrie a mis la charrue avant les boeufs » avec les cosmétiques anti-pollution, critique Céline Couteau, maître de conférences en cosmétologie à la faculté de pharmacie de Nantes. L'universitaire juge aussi « très excessifs » certains termes utilisés dans le marketing de ces produits, qui sous-entendent parfois une protection totale. « On est dans un domaine qui vend du rêve », estime-t-elle auprès de l'AFP.

« On est encore un petit peu novice sur l'impact de la pollution en fonction des doses reçues et de ses différences sources. C'est très compliqué de proposer des protocoles standards adaptés à tous ces agresseurs », admet à l'AFP Marie-Hélène Lair, directrice de la communication scientifique de Clarins. « On en discute, mais pour l'instant on n'a pas trouvé (...). On apprend au fur et à mesure, on fait de vrais progrès et il faut les mettre à disposition du plus grand nombre », tranche Brigitte Liberman de L'Oréal.

Par Etienne BALMER

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