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Marguerite Capelle
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29 sept. 2017
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Le triomphe sculptural de Loewe

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Marguerite Capelle
Publié le
29 sept. 2017

L'expression américaine "in the zone", qui pourrait se traduire en français par "être sur son petit nuage" (quand on a l'impression que tout ce qu'on touche est une réussite) est une bonne façon de résumer où en est Jonathan Anderson dans sa carrière. Le créateur a présenté vendredi matin à Paris une collection printemps-été 2018 éblouissante pour la maison Loewe, pleine de fraîcheur et profondément novatrice.

Loewe - Spring-Summer2018 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Présentée sur un podium oval et sinueux à l'Unesco, dans le 7ème arrondissement de la capitale, la collection proposait une silhouette longiligne mais pleine de courbes, avec des modèles qui revenaient plusieurs fois dans le défilé, dans des matières différentes. Comme cette sensationnelle jupe de squaw travaillée en patchwork, d'abord en daim et cuir brut, puis avec diverses chutes de denim.

Anderson avait décoré l'espace avec de magnifiques tentures accrochées aux murs blancs : des images en noir et blanc de Steven Meisel ou des photos d'enfants en train de courir dans la boue que le créateur a achetées sur un marché provençal. Des minuscules santons en céramique étaient posés par terre, ou sur des petits chandeliers.

Jonathan Anderson avait déjà posé les bases d'une silhouette extrêmement identifiable (toujours légèrement oversize), et l'a épurée cette saison pour créer des tenues de jour extrêmement sensuelles.

Tout ce qui passe dans son radar est susceptible d'être transformé en produit arty. Ainsi, des babouches marocaines deviennent des baskets d'elfe en daim, avec des orteils farfelus tournés vers le haut : des souliers de fou du roi des temps modernes. Ou bien ce natif de l'Ulster qui a grandit dans une petite ville s'inspire d'un portail de ferme pour créer son nouveau sac. Il s'appelle The Gate (le portail) et se ferme sur le côté avec une épingle.

Il a aussi retourné des sacs, présentés à l'envers en daim réversible, et a ajouté un gros monogramme L. Tout au long du défilé, il a décliné le logo de la maison de façon délibérément ironique : des casques de pompier en peau de serpent avec un gros logo en cuir cousu devant, ou d'autres posés sur les manches de pulls ras-du-cou en cachemire plein de douceur. Le tout était très arty, mais facile à porter.

Pour le créateur, il s'agissait de « jouer avec les concepts de grandeur et petitesse. (...). Répéter une silhouette dans un mouvement circulaire ». Jonathan Anderson expliquait en coulisses : « La femme Loewe s'est évadée de son univers domestique. Je voulais donc une femme libre, avec une silhouette longiligne. Les petites sculptures, c'est une décision que j'ai prise il y a trois jours. Je voulais un énorme bruit et des moments de silence, car j'adore ce genre d'espaces ».

Souligné par une bande-son spectaculaire signée du DJ français Michel Gaubert, associant Trevor Jackson, Dinos Chapman et Mammatus, c'était un authentique événement en matière de mode, et une nouvelle victoire écrasante pour Anderson. Comme on dit en France, "il se balade", c'est à dire que tout ce qu'il tente fonctionne sans efforts.

« Des nouveaux magasins, des défilés extrêmement efficaces, et même notre nouveau Prix de l'artisanat Loewe : l'entreprise marche très bien à tous les niveaux. Sous la houlette de Jonathan, Loewe fourmille d'activités excitantes, et affiche une croissance à deux chiffres. Et nous venons seulement de nous lancer sur le web, » s'enthousiasmait Pierre-Yves Roussel, membre du conseil d'administration de LVMH qui supervise Loewe.

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