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27 juin 2016
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Le premier musée d'art moderne de l'histoire renaît à la Fondation Vuitton

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27 juin 2016

Le premier musée d'art moderne de l'histoire va renaître à l'automne à Paris avec l'exposition à la Fondation Vuitton de la collection de Sergueï Chtchoukine, qui a réuni avant 1914 des dizaines de chefs d'oeuvre impressionnistes, postimpressionnistes et cubistes.

Claude Monet, Le Déjeuner sur l'herbe, 1866. Musée d'Etat des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou


128 peintures, huit sculptures, de Matisse à Gauguin, de Cézanne à Picasso : c'est la première fois qu'est présenté un ensemble aussi important de cette collection constituée entre 1898 et 1914 par ce grand industriel moscovite.

Nationalisée en 1918 par un décret signé de Lénine en personne, elle a été fusionnée avec une autre collection privée importante, celle d'Ivan Abramovitch Morosov, pour constituer officiellement en 1923 le « Musée de l'art moderne occidental », le premier du genre.

« C'est un grand moment. Même les Russes n'ont jamais vu ainsi cette collection », souligne Anne Baldassari, commissaire de l'exposition, visible du 22 octobre prochain au 20 février 2017 et dont la billetterie est déjà ouverte.

Les quelque 270 oeuvres acquises par Chtchoukine exercèrent une influence considérable sur les jeunes artistes russes, malgré l'existence éphémère du musée : Staline proclame sa dissolution en 1948 et ordonne la dispersion des oeuvres dans des musées de province, parfois leur destruction. Finalement la collection est répartie entre le musée Pouchkine à Moscou et celui de l'Ermitage à Saint-Petersbourg.

La Fondation Vuitton a entamé des discussions en septembre 2014 avec ces deux établissements et un contrat de partenariat a été signé le 10 février dernier. Selon la fondation, le projet n'aurait pu se réaliser sans « l'active complicité » du petit-fils de Sergueï Chtchoukine, André-Marc Delocque Fourcaud.

Lors de ses premiers voyages à Paris, Sergueï Chtchoukine, initié par le marchand Paul Durand-Ruel, s'intéresse d'abord aux Impressionnistes, particulièrement à Monet, dont la collection compte pas moins de 13 oeuvres. Viendront les rejoindre huit Cézanne, 16 Gauguin, cinq Degas, quatre Van Gogh...

Mais la rencontre décisive survient en 1907 : c'est celle de la famille Stein, Leo et Gertrude, que lui présente un autre marchand, Ambroise Vollard. « Avec eux, il découvre le modèle d'une nouvelle manière de collectionner », explique Anne Baldassari, ancienne directrice du musée Picasso. Américains, issus d'une famille de banquiers, les Stein « ont une vision extérieure et achètent systématiquement des objets de scandale », comme La Femme au chapeau de Matisse (1905), ajoute-t-elle.

Grâce à eux, Chtchoukine rencontre Matisse et Picasso. Au premier, il va commander les panneaux monumentaux de la Danse et de la Musique destinés à l'escalier de sa résidence, le Palais Troubetskoï. Effrayé par le scandale suscité par ces oeuvres lors du Salon d'automne, il renonce à les acheter, puis change d'avis, pris de remords.

« Entre 1910 et 1914, ses achats sont exponentiels, souligne Anne Baldassari. 12 Picasso, 12 Matisse, 14 Derain... » Au total la collection comptera 22 Matisse, dont L'Atelier rose ou Le Café arabe, et 50 Picasso, dont La Buveuse d'absinthe ou Trois femmes.

Contrairement à Morosov, Chtchoukine veut faire partager sa passion : il ouvre sa demeure tous les dimanche matin, puis jusqu'à trois jours par semaine, et songe même à une donation à une institution publique. Pour l'occasion, ont également été reconstituées sa collection africaine, dont quelques pièces seront présentées, et sa collection chinoise.

L'exposition se déploiera dans toutes les espaces du bâtiment de Frank Gehry (soit 2.400 m²), avec des salles thématiques (paysages, portraits...) et des salles monographiques (Gauguin, Matisse, Picasso). Elle abordera aussi l'influence de la collection sur l'avant-garde russe (futurisme, suprématisme, constructivisme), avec 30 oeuvres de Malevitch, Rodtchenko, Larionov, Tatline, Popova....

L'exposition sera accompagnée d'une programmation musicale et chorégraphique. Pierre Laurent Aimard, associé à quatre pianistes, donnera une série de conférences sur « le choc des avant-gardes russes et françaises ».

Le danseur Nicolas le Riche présentera des « conférences dansées », ainsi que le chorégraphe américain Daniel Linehan qui revisitera Le Sacre du printemps de Sravinsky.

Par Antoine Froidefond

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