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Le Rwanda décuple la taxe d'importation sur les vêtements et chaussures de seconde main

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AFP
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3 juil. 2016

Le Rwanda a multiplié par plus de dix la taxe d'importation sur les vêtements et chaussures de seconde main, provenant principalement d'Europe et Amérique du Nord, et ce afin de promouvoir l'industrie textile locale, a-t-on appris vendredi de source officielle.


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La mesure « est entrée en application à partir du 1er juillet », a déclaré vendredi Drocelle Mukashyaka, une responsable de l'Office rwandais des recettes (RRA). « Avant, la taxe sur le kilo de vêtements et de chaussures était de 0,2 dollar mais maintenant c'est 2,5 dollars pour les vêtements et 5 dollars pour les chaussures », a-t-elle indiqué, ajoutant : « c'est pour promouvoir l'industrie locale ».

Les chaussures et les vêtements de seconde main, très populaires au Rwanda comme dans d'autres pays d'Afrique, sont importés en gros essentiellement d'Europe et d'Amérique du Nord et sont revendus à bas prix sur le marché africain.

Ce marché juteux crée une concurrence qui a « complètement tué l'industrie textile » des pays en développement, avait estimé à la mi-juin le ministre rwandais du Commerce, François Kanimba.

En février, les chefs d'Etat de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC), réunis à Arusha, en Tanzanie, s'étaient entendus pour bannir totalement ces vêtements d'occasion d'ici 2019.

Selon Claver Gatete, le ministre rwandais de l'Economie, cette mesure est aussi une question de « dignité ». « Ce n'est même pas une industrie productive, ce n'est pas acceptable pour notre dignité », a-t-il déclaré lors d'un point presse mercredi. « Je ne crois pas que les pays d'Europe s'échangent des vêtements de seconde main », a-t-il déclaré en référence à la principale zone d'origine de ces fripes.

Patel Ritesh, le directeur d'Utexrwa, une des deux usines textiles du pays, a salué l'entrée en vigueur de cette nouvelle taxe, estimant qu'elle va permettre à son entreprise de développer un secteur atrophié par l'importation des vêtements de seconde main.

Mais cette mesure passe mal auprès de la population, qui redoute l'augmentation du prix des vêtements de seconde main et doute de la capacité de l'industrie locale à satisfaire rapidement la demande.

« Je vais avoir du mal à habiller mes enfants », s'inquiète Clémentine Icyitegetse, mère de trois enfants, qui juge les vêtements neufs trop chers. « Cette décision n'avantage que les riches », critique-t-elle. « Avec cette augmentation des taxes, je vais perdre mes clients », se lamente de son côté Claver Hitimana, 50 ans, devant son étal de vêtements et de chaussures de seconde main à Nyabugogo, un quartier populaire de Kigali. « Les vêtements de seconde main vont désormais être réservés aux riches, la pauvreté va augmenter et les gens n'auront pas de quoi s'habiller. »

Quant à Emmanuel Nzaramba, un autre vendeur, il soupire : « quand le gouvernement prend une décision, on ne peut rien y changer ».

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