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7 avr. 2016
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Laurent Vandenbor (Mode Grand Ouest) : "La transmission est une force de notre filière"

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7 avr. 2016

Mode Grand Ouest fête ses 80 ans. Un anniversaire pour lequel le groupement, qui rassemble 105 sociétés textile de neuf régions, proposait une exposition rétrospective de l'évolution de la mode sur le salon made in France. L'occasion pour son délégué général, Laurent Vandenbor, de revenir sur huit décennies textile.

Laurent Vandenbor - FashionMag


FashionMag : Quel regard portez-vous sur ce parcours de 80 ans ?

Laurent Vandenbor : L’organisation a été créée en 1936 autour du tissage, activité alors importante avec 50 000 tisserands établis à Cholet. C’est qui a fait passer la ville d’un statut rural à urbain. Il y a donc une tradition forte du capitalisme familial. Cela reste encore aujourd’hui une tendance assez forte. Nous ne sommes pas dans un environnement volatile de fonds de pension ou autres. Nous sommes ainsi partis de cette époque de 1936, puis il y a eu un après-guerre où la mode s’est démocratisée avec la notion de prêt-à-porter, avant que n’arrive la notion de sportswear... En parallèle, la mode a vu ses effectifs divisés par deux tous les dix ans. Nous ne sommes plus très loin du point d’arrêt avec 40 000 emplois en France dans l’habillement et 60 000 dans le textile. Dans les emplois de fabrication, la moitié des emplois sont dans nos régions de l’Ouest. Mais tout cet outil a su faire le dos rond, s’ajuster, se réinventer dans les périodes difficiles. Cette capacité à se réinventer dans la continuité est l’une des forces de notre territoire.

FM : Comment s’est traduit cette réinvention, dernièrement ?

LV : Il y a un peu moins de dix ans, nous étions face à un vrai enjeu qui était de trouver des repreneurs et successeurs dans des métiers qui étaient compliqués à faire tourner. Il y a eu les successions familiales. Mais c’est assez intéressant de voir que des cadres à mi-parcours, qui souvent avaient une première expérience dans de grandes entreprises, sont revenus dans leur région pour y reprendre des entreprises. Ce n’était pas gagné d’avance. En appliquant l’expertise acquise dans leur métier initial à nos métiers, ils ont vraiment fait décoller le modèle économique et apporté un regard, du sang neuf, de nouvelles façons de faire. Il y a beaucoup de femmes aussi, avec une vingtaine de dirigeantes, qui viennent du métier pour l’avoir exercé à tous les niveaux. Elles ont donc des capacités de compréhension très affutées. Tout cela donne un brassage, une diversité de cursus, formations, métiers, régions. Il n’y a pas de situation monolithique, pas de blocage comme dans un modèle consanguin. La transmission est une force de notre filière. Entre la génération qui partira bientôt et ceux récemment arrivés, il y a en outre une bonne relation intergénérationnelle. Peut-être que l’une des clefs du succès de notre organisation est d’avoir su s’ouvrir aux autres. 

FM : Quel est aujourd’hui le rôle de Mode Grand Ouest ?

LV : Nous sommes d’abord un lieu d’échanges où les gens peuvent se mettre autour d’une table et nous faire part de leurs préoccupations, de leurs enjeux. Nous sommes avant tout un lieu de débat. Ensuite, de ces échanges sortent des sujets sur lesquels nous organisons des dispositifs d’accompagnement, ou pour lesquels nous menons des actions de lobby. Notre métier est d’être un accélérateur de temps et de mouvement pour des industriels qui entreprennent seuls, mais se retrouvent quand même liés à une filière, partageant les bonnes pratiques, liant les compétences entre les entreprises. Si une météorite start-up tombe dans notre cluster, les solutions qui lui seront nécessaires pourront être mises en place.

FM : Quels sont aujourd’hui les grands défis à relever ?

LV : Nous avons un enjeu de recrutement élevé, puisque la moitié de la population de la filière partira à la retraite dans les dix ans à venir. Cela signifie qu’il va falloir organiser un recrutement de 500 à 1 000 personnes par an. On s’en occupe, nous avons des solutions qui fonctionnent bien, même si c’est toujours perfectible. On a des projets importants, avec un campus des métiers et qualifications assez uniques sur les métiers de la fabrication d’excellence du cuir, de l'habillement, de la sellerie… On sera en capacité sur notre territoire de former les gens pour qu’ils rentrent très vite dans ces métiers-là. Un autre enjeu est d’essayer de gagner en productivité en intégrant des nouveaux outils technologiques. Notamment à travers une usine du futur pour laquelle nous sommes en train de déposer un dossier auprès du ministère. Ce sont des projets ambitieux et stratégiques sur lesquels les adhérents ont exprimé leurs ambitions, envies et préoccupations.

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