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La rancoeur des ouvrières Dim qui veulent partir "dignement"

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29 nov. 2006

LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine), 29 nov 2006 (AFP) - "Qu'ils nous foutent dehors dignement", les ouvrières des usines Dim, en blouse de travail rose ou bleu, ont du mal à cacher leur rancoeur: "On a travaillé pour eux 37 ans, c'est pas pour devenir des assistées du gouvernement".


Vue de l'entrée de l'usine DIM de Saint-Pantaleon près d'autun, prise le 15 mai 2006
Photo : Bruno Ferrandez/AFP

Arrivés en bus mercredi 29 novembre au matin de leurs usines d'Autun (Saône-et-Loire) et Chateau Chinon (Nièvre), les quelque 130 manifestants, en majorité des femmes, sont restés cinq heures devant le siège de Dim à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où se négociait un plan social de 450 suppressions de postes.

Maria, 52 ans dont 36 passés sur le site historique de Dim à Autun juge "lamentable" le plan social. Petite, cheveux courts bruns, elle agite vivement ses mains abîmées par le travail "aux +formes+, là où on forme les collants". "Il y fait 45-50° " explique-t-elle. "On a tout accepté et maintenant, on nous fout dehors. C'est lamentable !".

Comme elle, ses collègues travaillent depuis des décennies pour Dim. Les cheveux gris trahissent l'âge des ouvrières, qui évoquent leur peur de la "misère" si le plan social était appliqué en l'état.

Il prévoit notamment des départs en préretraite avec 70 % du salaire net.

"70 % de 1 200 euros, ce que je gagne après 36 ans chez Dim, ça fait 840 euros par mois. C'est le seuil de pauvreté en France", lance Maria : "Qu'ils nous foutent dehors dignement".

"On a travaillé pour eux 37 ans, c'est pas pour devenir des assistées du gouvernement", se révolte Annie, "55 ans et demi", agent de fabrication depuis 1969 à Château-Chinon.

A ses côtés, en blouse de travail bleu ciel, sa copine Chantal, 36 ans sur le même site, craint l'avenir: "Rechercher du travail ? On sait pas trop, à notre âge...". Armelle, 47 ans, dont 23 à Autun, s'invite dans la conversation : "Il faudra bien retrouver quelque chose, mais dans le textile, c'est foutu".

Annie : "Pour nous, de toute façon, c'est foutu à nos âges".

Pourtant, se souvient Marc, technicien de 56 ans à Château-Chinon, "on nous a demandé beaucoup de sacrifices. On a travaillé pendant 10 ans week-ends et jours fériés sans un centime de plus, les femmes ont accepté le travail de nuit depuis trois ans, mais apparemment, ça ne suffit pas".

"On a tout fait pour qu'ils imposent leurs marques sur le marché", ajoute sombrement Annie.

"Moi, j'ai pas encore réalisé. Dans mon service, on est dix, il va en rester deux", confie Armelle. Annie réplique sèchement : "Tandis que nous on sait, ça ferme !".

Une ouvrière s'empare d'un mégaphone et hurle à l'attention d'Eliaz Poleg, PDG du groupe DBApparel, propriétaire de Dim : "Poleg, descends, nous t'attendons de pied ferme. Si t'es un homme, descends !".

Elle est satisfaite peu après: Eliaz Poleg descend quelques minutes au milieu des salariés devant le bâtiment. Et remonte rapidement, ne pouvant "apporter ici de solutions spécifiques et privées".

L'ouvrière reprend le mégaphone: "M. Poleg, nous n'avez pas répondu à nos questions. Il se sauve, là ! Si c'est pas se foutre de notre gueule, ça !".

Par Marc BASTIAN

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