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La mort d'Ana Carolina relance la polémique sur l'obsession de la maigreur

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16 nov. 2006


Ana Carolina Reston
SAO PAULO, 16 nov 2006 (AFP) - La mère du mannequin brésilien Ana Carolina Reston, morte d'anorexie âgée d'une vingtaine d'années mardi 14 novembre à Sao Paulo, a lancé un cri d'alarme après ce drame, qui relance la polémique sur l'obsession de la maigreur chez les top-modèles.

"Je demande à toutes les mères de s'occuper de leurs filles et de ne pas commettre la même erreur que moi parce que la perte est irréparable. Elle me demandait de ne pas la forcer à manger et je ne la forçais pas", a déclaré jeudi Miriam Reston, cinquante huit ans, mère de la jeune mannequin.

"J'espère que l'histoire d'Ana Carolina servira de leçon" aux adolescentes, a-t-elle dit en larmes à la TV Globo, en ajoutant que "tout l'argent du monde ne paiera jamais la vie d'un enfant".

Mme Reston espère également une prise de conscience de la part des agences de mannequins qui ont employé sa fille.

"Que chaque agence ayant employé ma fille se demande en son âme et conscience ce qu'elle aurait pu faire de plus pour elle", a-t-elle dit.

Mesurant 1m74 et pesant quarante kilos seulement, Ana Carolina, mannequin depuis l'âge de treize ans, avait été hospitalisée trois semaines auparavant pour une infection urinaire, qui a dégénéré en insuffisance rénale, puis en infection généralisée.

Le 30 avril dernier, alors qu'elle pesait encore quarante six kilos, elle avait elle-même reconnu son obsession pour la maigreur dans un entretien avec la revue Hora : "Parfois, je me trouve grosse. J'ai une image de moi déformée".

La directrice de l'agence de mannequins l'Equipe a indiqué qu'Ana Carolina avait participé au catalogue du styliste italien Giorgio Armani au Japon mais avait dû rentrer au Brésil car elle était trop maigre et fatiguée.

Ana Carolina, qui avait aussi travaillé au Mexique et en Chine, ne s'alimentait dernièrement que de pommes et de tomates et refusait de voir un psychiatre.

Son décès a relancé le débat sur le poids minimum des top-modèles. En septembre dernier à Madrid, des mannequins trop maigres n'avaient pas eu le droit de défiler.

A Rio, le prochain grand défilé de mode, "Fashion Rio", refusera en janvier prochain les tops-modèles squelettiques.

"Ce ne sera pas une restriction officielle, comme à Madrid, mais on donnera la préférence aux moins maigres", a déclaré jeudi Eloysa Simao, directrice du Fashion Rio.

"Je ne pense pas que des lois puisse régler la relation de chacun avec son corps. Mais nous n'emploierons pas de mannequins trop maigres. L'anorexie et la boulimie sont liées à des questions émotionnelles", a affirmé Mme Simao au quotidien O Dia.

Des éditeurs de revues de mode ont récemment décidé à Londres de ne plus publier de photos de mannequins squelettiques.

La styliste brésilienne Lenny Niemeyer estime d'ailleurs que la maigreur excessive est de moins en moins à la mode: "On ne veut plus de top-modèles ayant l'air d'être en mauvaise santé".

Le mannequin Velvet d'Amour, cent trente kilos, devenue le symbole anti-maigreur sur les passerelles internationales depuis que Jean-Paul Gaultier l'a fait défiler en octobre lors de la semaine de la mode parisienne s'est dit "choquée" de la mort du modèle brésilien.

"Je pense que toute l'indignation autour de la mort d'Ana Carolina peut mobiliser les gens pour ouvrir une ère nouvelle", a-t-elle dit au quotidien O Dia par téléphone.

Velvet d'Amour, qui a déjà pesé cinquante quatre kilos, raconte que son agence la "trouvait encore trop grosse". "Pour atteindre une maigreur absurde, j'ai commencé à manger de la gélatine liquide chaude. J'ai vu que j'étais en train de mourir et que j'étais malheureuse, alors j'ai cherché un autre modèle".

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