Par
AFP
Publié le
26 août 2005
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

La chaussure "made in Italy" se meurt, victime des importations chinoises

Par
AFP
Publié le
26 août 2005

ROME, 26 août 2005 (AFP) - La chaussure "made in Italy", symbole de raffinement dans le monde entier, se meurt, écrasée par les importations chinoises et seuls quelques fabriquants résistent, souvent au prix de délocalisations.


Chaussures "made in Italy" dans un magasin à Rome le 23 août 2005 Photo : Paco Serinelli

L'ampleur de la crise traversée par ce secteur qui emploie 150.000 personnes dans la péninsule a été révélée en août avec l'annonce d'une baisse de 14% de la production.

Près de 8.000 personnes ont perdu leur emploi au cours du premier semestre et entre 30 et 40.000 autres sont menacées de le perdre d'ici à la fin de l'année, selon les chiffres officiels.

Si le groupe Tod's de l'industriel Diego della Valle résiste, d'autres fabriquants ont fermé, comme Pollini, ou ont été contraints de délocaliser leur production dans les pays d'Europe de l'Est, comme Geox, Lumberjack et Stonefly.

L'élimination des barrières douanières européennes le 1er janvier 2005 pour les chaussures fabriquées à l'étranger est considérée comme la cause de cette crise.

"Les importations de chaussures en cuir frabriquées en Chine ont augmenté de 700% en six mois et évidemment, la production italienne en a souffert", a expliqué l'économiste Marco Fortis à l'hebdomadaire Panorama.

Selon une récente enquête, la Chine réalise en six jours l'équivalent de la production annuelle de chaussures de l'Europe.

"Les Chinois nous font une concurrence déloyale", déplore le président de l'association nationale des fabriquants de chaussures (Anci), Rossano Soldini qui dénonce les aides chinoises à l'exporation.

Les industriels italiens réclament à l'Union européenne des procédures pour dumping contre la Chine et souhaitent l'instauration d'un label de qualité pour protéger la chaussure italienne.

Les seuls épargnés par la vague chinoise sont les chausseurs de luxe dont la clientèle exclusive et exigeante est prête à débourser plus de 500 euros pour des souliers sur mesure.

"Nous ne subissons pas la crise. Cette année a été très bonne pour nous. Nous sommes les seuls à Rome à fabriquer des chaussures sur mesure de façon artisanale pour une clientèle exigeante, particulière, qui réclame quelque chose d'unique", a expliqué à l'AFP Silva Petrucci, propriétaire de l'élégante boutique Dal Co, qui compte la reine Rania de Jordanie parmi ses clientes.

Le groupe Tod's qui emploie 35.000 personnes en Italie, a pour sa part choisi de réagir en lançant une offensive commerciale en Chine où il veut produire.
"La Chine est un marché important qui représente de réelles opportunités", a expliqué Diego della Valle au magazine Fortune.

"Je suis convaincu que les asiatiques veulent des marques Made in Italy", a-t-il soutenu.

Le combat semble en revanche perdu pour les fabriquants en concurrence directe avec les modèle chinois, et certains industriels préconisent de leur abandonner le marché.

"Laissons tomber les chaussures et fabriquons des panneaux solaires", a ainsi lancé Alessandro Negrini, patron de la société Ginev, spécialisée dans les machines pour la fabrication des chaussures basée depuis 55 ans à Cassolnovo, près de Pavie, en Lombardie (nord).

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.