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10 avr. 2015
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La France a un blocage culturel avec les grandes tailles selon le mannequin Clémentine Desseaux

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AFP
Publié le
10 avr. 2015

La Française Clémentine Desseaux, mannequin grande taille et blogueuse de 26 ans installée aux Etats-Unis, veut faire changer le regard sur les femmes rondes, qui ont selon elles une image terrible en France, mais juge qu'exclure les modèles trop maigres n'est pas la solution.

Clémentine Desseaux


Pourquoi est-ce plus facile d'être mannequin grande taille aux Etats-Unis qu'en France ?

Aux Etats-Unis, c'est un marché à part entière, on fait une carrière en tant que mannequin grande taille. En France, c'est un hobby. Aux Etats-Unis, on ne me voit pas comme ronde : la taille moyenne, c'est 44, comme moi. Pour Paris, capitale de la mode, du luxe, c'est une question d'image, personne n'a envie de voir une Parisienne avec des formes. Dans la tête des gens, à l'étranger, c'est Inès de la Fressange, c'est Coco Chanel, et les formes, ça ne colle pas. Les Américains sont toujours fascinés par ces femmes grandes et minces qui mangent des croissants tous les jours sans prendre de poids ! Paris entretient bien cette fascination. On a du mal à faire de la place aux formes. Il y a un blocage culturel. Dans la rue, c'est un des seuls pays où j'ai des regards ou des remarques du genre « regarde la grosse ». A New York, à Miami, à Londres, ça ne m'est jamais arrivé.

Que pensez-vous du vote des députés visant à interdire les mannequins trop maigres ?

J'ai l'impression qu'il y a une confusion. L'anorexie c'est une maladie, c'est comme la boulimie. Je vois l'intérêt, je pense que ça vient d'un bon sentiment, c'est vrai que parfois ça fait peur, mais l'indice de masse corporelle (IMC) ne suffit pas. Ma meilleure amie fait une taille 34 depuis que je la connais, elle mange autant que moi. Il y en a plein qui sont naturellement minces. Pour moi, c'est aussi nul de dire « t'es trop maigre » que de dire « t'es trop grosse », c'est la même chose.

Pourquoi être la marraine de la Pulp Fashion Week ?

Ici, l'image des femmes grande taille est terrible. J'ai envie de faire bouger les choses. Quand je suis passée à la télé en 2011 pour une campagne de publicité pour la marque Castaluna, certains commentaires étaient horribles. Je me suis vraiment sentie bien quand j'ai déménagé à Miami. Aujourd'hui, je marche dans la rue tête haute, mais toutes les filles qui sont ici n'ont pas cette chance. Je reçois toujours plein de messages de nanas qui se sentent super mal. Mais j'ai l'impression que l'Internet nous aide, les femmes rondes. Il y a beaucoup de blogs qui se développent, ici aussi à Paris, ça évolue. J'ai envie que les filles se disent qu'il y a des gens qui vont porter le message pour que, peut-être, dans quelques années ce soit normal de voir des femmes rondes un peu partout, ou des femmes noires, ou plus vieilles...

Anne-Laure Mondesert

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