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Paul Kaplan
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27 nov. 2017
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Jil Sander : "La sobriété à la Jil Sander n'était pas du tout froide"

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Paul Kaplan
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27 nov. 2017

Dans le cadre de la première rétrospective mondiale consacrée à Jil Sander au Musée des Arts appliqués de Francfort jusqu'au 6 mai 2018, FashionNetwork.com a rencontré la créatrice allemande Heidemarie Jiline Sander. Une discussion sur le minimalisme comme marque de fabrique, l'actualité du secteur de la mode et des conseils pour les jeunes créateurs.


Les flacons de parfums jouent un rôle important dans l'exposition sur Jil Sander. - Museum für Angewandte Kunst


FashionNetwork.com : Madame Sander, que représente pour vous cette rétrospective de votre travail après tant d'années ? Quelles sont vos impressions en redécouvrant ces pièces ?

Jil Sander : 
Comme je me soucie assez peu du passé de manière générale, il n'existe pas d'archives de mes réalisations anciennes. Mes collections passées sont principalement accessibles sous la forme de photographies ou de captations de défilés. Et même si ces vidéos ne donnent pas une idée absolument véridique des pièces telles qu'elles ont été commercialisées, je dois dire qu'elles permettent de voir a posteriori que Jil Sander n'était pas qu'une marque de tailleurs-pantalons pour femmes bien coupés. Notre marque était très féminine depuis le début, mais d'une manière un peu androgyne.

FNW : L'image de la marque, souvent associée au minimalisme et à une sorte de sobriété froide, vous a-t-elle dérangée ?

JS : 
La sobriété à la Jil Sander n'était pas du tout froide - les tissus notamment, dont la structure et la qualité étaient souvent développées spécialement pour mes collections, apportaient délicatesse et amour à mes créations. Quant aux coupes et aux silhouettes elles-mêmes, elles n'ont jamais été minimalistes. Si vous regardez les vidéos des défilés, vous verrez des volumes sculpturaux, tridimensionnels et des proportions souvent surprenantes, voire provocantes, auxquelles l'oeil n'est pas habitué. Sans oublier les finitions, les coutures, le travail de la fourrure et des pièces matelassées, qui donnaient une opulence artisanale aux vêtements Jil Sander.

FNW : Selon vous, quels sont les principaux changements à l'oeuvre sur le secteur de la mode ces dernières années ? 

JS :
 La digitalisation a totalement redistribué les cartes. Les cycles de commercialisation fonctionnent désormais sur des rythmes hebdomadaires. Ce qui signifie que les plus grands projets, ceux qu'on présentait autrefois lors des défilés d'automne et de printemps, ont perdu de leur importance. Sans compter la mondialisation, avec ses hordes de nouveaux clients internationaux, qui a eu de l'influence sur les goûts et les tendances du monde entier. La mode vintage par exemple, qui m'apparaît comme un recul, semble au contraire fraîche et attrayante pour ces consommateurs, et déteint donc sur le style de la mode occidentale.


L'exposition Jil Sander au Musée des Arts appliqués de Francfort. - Museum für Angewandte Kunst


FNW : En 1983-84, vous étiez professeure à l'École Supérieure d'Arts appliqués de Vienne. Quel serait aujourd'hui votre conseil pour les jeunes créateurs de mode ?

JS : 
Se concentrer sur les fonctions essentielles du vêtement, se faire une idée de l'air du temps, sans perdre de vue les tendances à venir. La mode doit nous préparer à affronter les obstacles.


L'exposition Jil Sander au Musée des Arts appliqués de Francfort. - Museum für Angewandte Kunst


FNW : Suivez-vous encore l'actualité de la marque Jil Sander et avez-vous une idée des projets de Luke et Lucie Meier à Milan ? Quel est votre avis sur la période Rodolfo Paglialunga ?

JS : 
Je n'aime pas rendre de jugement sur mes collègues, mais je continue de surveiller la marque « Jil Sander » avec beaucoup d'intérêt.

FNW : Auriez-vous par hasard des projets en cours, comme avec les journaux Die Welt ou Zeit Magazin

JS :
 Si l'occasion se présente et que le projet m'intéresse, je n'y serais pas opposée.

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