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Geoffrey Bruyère (Bonne Gueule) : "L'enjeu est d'étendre notre communauté à l'international"

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4 oct. 2016

Bonne Gueule, créé en 2007 par Benoît Wojtenka, s'est imposé en quelques années comme l'un des blogs de conseil mode masculin phare en France. Le site s'est développé en créant ses propres collections de basiques, puis la société a commencé à ouvrir ses propres boutiques il y a deux ans. Pour soutenir ses futurs développements, Bonne Gueule vient de réaliser sa première levée de fonds. Geoffrey Bruyère, qui dirige l'entreprise avec son fondateur, détaille les projets qui vont être soutenus grâce à cette nouvelle étape.

Benoît Wotjenka (à gauche) et Geoffrey Bruyère dirigent Bonne Gueule qui devrait passer les 3 millions de chiffre d'affaires en 2016 - Bonne Gueule


FashionNetwork : Vous réalisez cette première levée de fonds. Quel est son montant ?

Geoffrey Bruyère :
Nous ne pouvons pas communiquer le montant exact, mais nous sommes proches du million d'euros. En parallèle, nous avions réalisé des emprunts bancaires pour soutenir nos projets pour un montant de 450 000 euros.

FNW : Bpifrance est l'investisseur...

GB :
C'est un actionnaire parmi d'autres. Nous les avions rencontrés il y a quelques mois. Nous avions échangé avec Delphine Le Mintier. Et nous sommes très heureux qu'elle siège à notre conseil.

FNW : Qui sont ces investisseurs et quelle part prennent-ils dans le capital ?

GB :
Nous restons très largement majoritaire au capital. Nous avons deux groupes d'investisseurs. D'un côté, il y des membres du Web et de la mode comme Thierry Petit, de ShowroomPrivé, Cyril Vermeulen (ex-AuFéminin.com et Moodbyme) et Nicolas Santi-Weil (Ami et investisseur dans Felix Capital). De l'autre, nous avons des sages comme un ancien président d'Orangina, des personnes qui ont été DAF d'EADS ou DG de Thalès. François Barbier, qui nous a accompagnés lorsqu'il était dans le réseau Entreprendre, a aussi investi à titre personnel ainsi que François Badoual, qui a en charge le fonds de Total pour les investissements dans les énergies renouvelables.

FNW : Ces investisseurs vous apportent-ils des atouts au-delà du volet financier ?

GB :
Nous voulions surtout qu'ils comprennent bien notre projet et notre fonctionnement qui peut paraître original pour des investisseurs. Nous souhaitons faire entrer des personnes qui puissent nous aider : des profils avec des compétences et du réseau. Vous avez Nicolas Santi-Weil, qui a une vision très précise de ce qu'est la désirabilité. Mais aussi d'anciens financiers, qui nous apportent des conseils très pratiques.

FNW : Pourquoi avez-vous eu recours à une levée de fonds ?

GB :
Nous nous étions toujours dit que nous pouvions nous développer en autofinancement. Nous l'avons toujours fait. Mais lorsqu'il y a une croissance forte, que l'on fait plus que doubler les achats et que l'on a une opportunité de boutique à financer, c'est parfois un exercice compliqué au niveau du besoin en fonds de roulement. Jusque-là, nous menions un grand projet par an. Mais avec le développement de l'entreprise, les équipes ont des libertés et foisonnent de projets. Nous sommes arrivés après 2015 avec une refonte du blog, une refonte de la ligne éditoriale, la volonté d'étoffer les collections. Ces projets ont tous un retour sur investissement, mais si on voulait tous les développer, il nous fallait de nouveaux moyens.

L'équipe Bonne Gueule - Bonne Gueule


FNW : Quels sont les projets clés pour Bonne Gueule ?

GB :
Nous avons trois grand projets. Nous voulons tout d'abord transformer le blog en une véritable plate-forme. Aujourd'hui, nous avons le contenu chaud, mais nous réexploitons très peu les anciens contenus. L'idée est de créer un guichet unique via lequel le visiteur a accès aux informations sur les marques, aux conseils, aux boutiques proposant ces marques ou encore aux looks. Le tout étant lié. Donc l'idée est de continuer d'enrichir le contenu et renforcer le pôle éditorial. Nous voyons de plus en plus de concurrents, avec des moyens, se positionner. Le second projet est de muscler le pôle digital. Nous travaillons avec l'agence Axome, mais nous nous renforçons et menons des projets de SEO (optimisation du référencement, ndlr). Nous avons accueilli un responsable SEO et Data. Enfin, nous commençons à aborder à l'international.

FNW : Il y a quelques années, vous aviez repris un site américain pour tenter de dupliquer votre modèle. Votre approche est-elle différente ?

GB :
A l'époque, nous avions alloué un poste et demi pour gérer l'éditorial. L'activité remboursait les salaires, mais pas l'investissement. Et nous l'avions revendu pour financer le développement français. Nous allons tenter différentes approches. Nous allons faire de la traduction, notamment de notre « Guide de l'homme stylé », que nous avons déjà traduit en mandarin de Taïwan. Notre idée est de développer un pilote de plate-forme internationale en anglais. Nous avons aussi un premier voyage avec la BPI en Corée avec plusieurs acteurs comme Ami ou Lemaire. Nous allons tester notre potentiel. Et le corner que nous allons avoir au Printemps en début d'année, où se trouveront aussi Gant et The Good life, devrait nous aider à gagner en légitimité internationale.

FNW : Mais l'atout de Bonne Gueule est sa communauté. Comment pouvez-vous dupliquer cela ?

GB : La volonté est de conserver cela sur la France. Et de trouver la bonne formule entre contenu éditorial et le volet commercial. Nous regardons aussi les blogueurs mode dans d'autres pays qui épousent la même approche que nous, privilégiant un propos sur le rapport qualité-prix plutôt qu'uniquement style. Nous pouvons imaginer des joint-ventures avec ce type d'acteurs. L'enjeu pour nous est de créer la communauté à l'international.

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