Par
AFP
Publié le
5 janv. 2007
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

François Pinault et Bernard Arnault projettent une OPA sur Suez

Par
AFP
Publié le
5 janv. 2007

PARIS, 5 jan 2007 (AFP) - Les rumeurs d'OPA se multiplient autour de Suez, encouragées par les difficultés du projet de fusion avec Gaz de France, auquel le gouvernement a réaffirmé son soutien, alors que le rôle du financier Albert Frère semble de plus en plus central dans l'avenir du groupe.

Le président Jacques Chirac a défendu à nouveau jeudi la fusion avec GDF, affirmant qu'elle était "stratégique pour la France et l'Europe".

Il a également fustigé les "calculs à courte vue", se démarquant clairement de l'homme d'affaires François Pinault, qui a confirmé travailler à un projet "très préliminaire" d'OPA sur Suez, valorisé en Bourse autour de 50 milliards d'euros.

Pourtant, s'il reste officiellement le projet "favori" du gouvernement et des deux groupes, le rapprochement avec GDF n'est plus privilégié par le marché et les hypothèses alternatives se développent.

"La probabilité que la fusion soit votée est inférieure à 50 % désormais", estiment ainsi les analystes de Raymond James. "Même si ce projet était présenté, il y a peu de chances que les actionnaires de Suez valident un projet moins rémunérateur", ajoutent-ils.

L'AMF donnera mardi un délai à Artémis, la holding de M. Pinault, pour déclarer ses intentions, Suez espérant une durée courte. Celle-ci mettrait sans doute l'homme d'affaires en difficulté pour boucler les différents aspects de son projet, notamment son financement, tandis que l'hypothèse d'un rachat de la partie énergie de Suez par GDF apparaît délicat.

"A ce stade, nous pensons que François Pinault prépare sans aucun doute une offre, mais qu'il y a bien peu de chances d'y voir apparaître GDF", soulignent ainsi les analystes de CM-CIC Securities, qui voient mal l'Etat "laisser Gaz de France galvauder son engagement" dans la fusion.

"En revanche voir d'autres partenaires (les électriciens RWE, Centrica, ou des fonds d'investissement, ndlr) nous paraît une piste plus sérieuse", ajoutent-t-ils, se demandant si l'AMF laissera à François Pinault le temps d'envisager de tels scénarios.

Outre les questions de financement et l'épineuse dimension politique du dossier, M. Pinault aurait par ailleurs du mal à obtenir le soutien d'Albert Frère, administrateur et premier actionnaire de Suez, proche de son rival Bernard Arnault.

Jeudi, M. Frère a réaffirmé son soutien au projet de fusion Suez-GDF en marge des voeux de Jacques Chirac, tout en renforçant sa participation dans Suez. Le financier détiendrait désormais autour de 9 % de l'entreprise.

Selon l'hebdomadaire Marianne, M. Frère préparerait une offre sur Suez avec le PDG de LVMH Bernard Arnault, avec qui il est associé dans de nombreuses affaires.

Mais plusieurs observateurs jugeaient cette hypothèse peu sérieuse et estimaient qu'Albert Frère, dont le rôle clé se renforce dans le dossier Suez, pourrait surtout être un rempart à une éventuelle offre hostile contre le groupe.

"Albert Frère est opportuniste mais ce n'est pas quelqu'un qui joue un double jeu complet. Hier encore, il a assuré M. Mestrallet de son soutien", a commenté un banquier, n'excluant pas cependant qu'il travaille à une solution alternative, avec l'aval de Suez.

"Si François Pinault se déclare, Albert Frère fera en sorte que tous les acheteurs potentiels puissent se prononcer. Dans cette hypothèse, François Pinault n'a aucune chance", a ajouté une autre source bancaire, citant parmi eux RWE, EON, ou Enel. "Si quelqu'un vient troubler le jeu, il n'hésitera pas".

Par Sophie LAUBIE

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.