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De l'obscurité à la lumière, le long réveil des robes haute couture du musée Galliera

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28 févr. 2013

PARIS, 28 fév 2013 (AFP) - Exposer une centaine de robes retraçant l'histoire de la haute couture commence par le réveil dans les réserves du musée Galliera, à Paris, de véritables trésors, conservés à l'abri de la lumière et de la chaleur.

Sur 4.000 m2, elles contiennent près de 100.000 vêtements et accessoires dont 10.000 griffés couture, conservés à plat dans des tiroirs pour les plus fragiles ou accrochés sur des cintres et recouverts de housses de coton écru pour les autres.

Marc Verhille / Mairie de Paris


Une fois le modèle choisi, comme pour la centaine de l'exposition "Paris Haute Couture", à l'Hôtel de ville, la première étape consiste à aller voir l'un des "docteurs" maison, Sylvie Brun, restauratrice de textiles anciens au musée Galliera.

"Dans certains cas, les objets demandés sont en bon état, dans d'autres, ils ne le sont pas du tout et ne pourront être exposés", explique à l'AFP Sylvie Brun.

"Notre activité est assez proche de celle d'un médecin", poursuit-elle. "On fait un diagnostic et des propositions d'intervention qui seront faites en interne ou à l'extérieur" selon les cas, dit-elle, penchée sur une robe de jour noire de Mme Grès des années 20 dont quelques mailles sont abîmées.

"sculpture à l'envers"

Certaines restaurations peuvent prendre un ou deux jours, parfois jusqu'à plusieurs mois.

"Le but de notre intervention n'est pas de refaire à neuf mais de faire en sorte que les objets puissent être exposés sans que les dégradations n'empirent" sous l'effet de nombreuses manipulations par exemple.

Les dégradations peuvent être "mécaniques" comme des mailles défaites ou "chimiques" de par la composition du tissu ou sous l'effet de la transpiration, car l'essentiel des trésors du musée ont été portés.

Ce n'est pas le cas de cette robe signée Paquin, conçue pour l'exposition universelle de Paris en 1900, conservée à plat dans un grand tiroir et qui sera montrée de la même façon sous un sarcophage transparent.

Cette robe est ornée notamment de strass très lourds fixés sur de la dentelle. "Si on mettait la robe debout, les pierres la déchireraient", explique Anne Azzaro, conservatrice du musée, qui ose à peine malgré ses gants blancs toucher la robe.

Pour tous les autres modèles, vient ensuite l'heure du mannequinage.

L'enjeu? "Soutenir les points de fragilité" d'un modèle une fois mis sur un mannequin statique, "respecter les courbes" de la cliente et ne pas perdre de vue "l'esprit de création du couturier", explique Rebecca Léger.

"C'est comme une sculpture à l'envers!", résume la mannequineuse.

Ce travail commence en effet par redonner des volumes de différentes densités à des épaules, une poitrine ou des hanches sur le mannequin fixe.

Puis tout dépend de la ligne du vêtement comme pour cette splendide robe bustier gris perle rebrodée "Palmyre" de 1952 et signée Christian Dior. Pour lui redonner le volume des hanches si typique de ces années-là, une sorte de jupon de polyéthylène est glissé en dessous. L'idée est "d'écarter le textile, lui donner de l'air et atténuer les plis qui se forment au cours des années", poursuit Rebecca Léger.

Ailleurs, l'équipe a dû imaginer une combinaison à glisser sous une longue robe de Madeleine Vionnet.

Là aussi la durée varie pour arriver à ses fins: entre 2/3 heures et deux jours avec deux ou trois personnes, selon le modèle.

Après l'exposition, les modèles retourneront vers l'obscurité. Exposés quatre mois à 50 lux maximum, ils devront rester ensuite "au repos" au moins quatre années. Par Dominique AGEORGES

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