PARIS, 27 juin 2007 (AFP) - Les clients étaient nombreux mercredi 27 juin au matin pour profiter des soldes d'été, avec une part belle aux sites marchands sur internet et à leurs rabais monstres, alors que dans les grands magasins parisiens, l'ambiance était à la grogne sociale.

Des chasseurs de bonnes affaires dans un grand magasin parisien au premier jour des soldes d'été, le 28 juin 2006 - Photo : François Guillot/AFP

Pour éviter la cohue des premiers jours, une partie des consommateurs, des femmes pour la plupart, ont préféré faire leurs courses sur internet, d'autant qu'en raison de frais de gestion moins élevés que dans les magasins, les sites marchands peuvent se permettre d'offrir de grosses ristournes, jusqu'à 90 %.

"C'est de la folie ce qui se passe sur internet ! Les gens achètent énormément depuis le début des soldes à 08h00", a commenté Catherine Barba, fondatrice de la galerie marchande Cashstore, qui fédère quatre cent soixante sites de commerce (La Redoute, 3Suisses, Camif, Quelle, ...).

"Ca cartonne ! En une heure et demie, nous avons eu deux cents commandes", s'est félicité Stéphane Treppoz, président du site Sarenza, leader dans la vente de chaussures sur internet. Sarenza espère vendre jusqu'à 4 000 paires de chaussures au premier jour des soldes, contre trois cents en moyenne.

Il faut s'attendre à un départ en fanfare, d'autant plus que l'approche des vacances incitera les habitants des grandes villes à se rendre massivement et rapidement dans les magasins", selon Alexander Law, chef économiste du cabinet d'études Xerfi.

Les soldes d'hiver et d'été sont les seules périodes de l'année où les commerçants sont autorisés à revendre à perte. Ils pèsent pour 25 à 30% du chiffre d'affaires annuel dans l'habillement, mais l'hiver représente la plus grande part, avec des grosses pièces comme les manteaux et autres doudounes.Le panier moyen d'achat des internautes était de 125 euros mercredi, contre 75 euros un jour ordinaire, selon Cashstore.

Outre l'habillement, les internautes achètent aussi des appareils de haute technologie, de l'électroménager ou des articles d'ameublement.

Certains sites comme La Redoute ou Cyrillus, ont innové en permettant à leurs clients de pré-remplir leur panier deux jours avant le début officiel des soldes, une sorte de repérage virtuel.

L'afflux des clients sur internet a entraîné des embouteillages sur certains sites qui ne pouvaient pas ouvrir, ont déclaré les responsables du secteur.

"On peut désormais parler de concurrence directe entre les sites internet marchands et les magasins", a estimé Mme Barba.

L'internet fait désormais partie de la vie des consommateurs : les ventes en ligne des sites français devraient atteindre 16,8 milliards d'euros en 2007, selon la Fédération de vente à distance (Fevad).

Cependant, face aux rabais importants, la vigilance reste de mise, tant sur internet que dans les magasins : certains commerçants pratiquent de faux rabais, "oubliant" notamment de mentionner le prix pratiqué avant les soldes.

Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), parmi les irrégularités relevées pendant les contrôles au cours des soldes d'hiver, 34,8 % étaient de faux rabais, contre 24,1 % l'été dernier.

"Il y a tellement de monde !", a déclaré à l'AFP Didier Lalance, patron du Printemps Haussmann à Paris, deux heures à peine après le début des soldes. Les consommateurs étaient au rendez-vous dans les grands magasins à Paris, malgré un appel syndical à la grève pour dénoncer les bas salaires, la précarité de l'emploi et les horaires à rallonge.

Des employés des grands magasins à Paris, le 27 juin 2007 - Photo : Martin Bureau/AFP

"Nous ne sommes pas à l'abri, mais je ne suis pas sûre que les syndicats arriveront à mobiliser", selon Anne-Geneviève de Saint Germain, secrétaire générale en charge des affaires sociales à l'Union du grand commerce de centre ville (UCV), qui représente notamment les grands magasins.

"Plusieurs centaines de salariés des grands magasins (Galeries Lafayette, Printemps) étaient rassemblés mercredi midi boulevard Haussmann à Paris.

"On en a marre d'être exploités, marre d'être mal payés et marre des extensions d'horaires", criaient les manifestants, réunis à l'appel de la CGT, FO et la CFTC. Dans le bruit des sifflets, les salariés scandaient aussi "On est mal payés", ou "Augmentez les salaires, pas les horaires !".

Françoise, standardiste, 26 ans de maison aux Galeries Lafayette, gagne "1 400 euros nets par mois grâce à (ses) heures du soir". "Je reçois chaque année trois pages de compliments... et 20 euros de prime", a-t-elle ironisé.

Les soldes ont démarré mercredi 27 juin dans près de quatre-vingts départements, pour durer de quatre à six semaines. Dans une dizaine de départements, ils débutent le 4 juillet alors qu'en Corse, ils ne commencent que le 11.

Par Bertille OSSEY-WOISARD