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Après Kélian, le chausseur Charles Jourdan placé en redressement judiciaire

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24 août 2005

ROMANS-SUR-ISÈRE (Drôme), 24 août 2005 (AFP) - Le chausseur de luxe Charles Jourdan a été placé mercredi en redressement judiciaire, mais ce sursis de six mois ne rassure pas les salariés, deux jours après la liquidation judiciaire de Stéphane Kelian production, autre marque qui a fait le renom de Romans (Drôme).


Magasin Charles Jourdan à Romans-Sur-Isère - Photo : Martin Bureau

Mardi, la direction du groupe Charles Jourdan avait annoncé le dépôt de bilan de ses trois principales filiales qui emploient plus de 400 salariés : 262 chez Charles Jourdan industrie (production), 80 chez Charles Jourdan France (marketing et administration), et 90 chez Sodepar (boutiques, magasins d'usine).

Une quatrième entité, CJRCP (six salariés), regroupant les employés de trois magasins, dont deux parisiens, est également concernée par cette mesure.

Le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère a ouvert une période d'observation de six mois afin de laisser le temps à d'éventuels repreneurs de présenter leur projet.

"Pour moi ce n'est qu'un sursis. J'ai peur que ce ne soit le même scénario que pour Kélian", commente Isabelle Meynckens, secrétaire du comité d'entreprise de Sodepar", résumant le sentiment des quelque 150 salariés massés dans la salle exigüe du tribunal de commerce.

Lundi, le même tribunal a prononcé la liquidation judiciaire de Stéphane Kélian Production, filiale de l'un des trois grands noms du secteur dans la région, supprimant ainsi 143 emplois.

"On a le sentiment qu'il y aura un repreneur pour la marque Jourdan, mais pas pour les salariés", relève pour sa part Joëlle Laceremza, autre employée du groupe.

Selon Gilles Apoix, délégué syndical CGC de Charles Jourdan France, "il y a déjà trois ou quatre propositions de repreneurs potentiels".

"Toute la question est de savoir ce que les actionnaires vont faire de la marque", vont-il la vendre au plus offrant ou vont-ils privilégier un repreneur avec un vrai projet industriel pour l'emploi romanais ? s'interroge-t-il.

En attendant, les salariés, encore sous le coup de l'annonce surprise de la direction en plein congés d'été, se demandent si la trésorie du groupe permettra de tenir six mois.

"Deux mois semblent plus vraisemblable", estime Patrick Taler du cabinet Alpha-Conseil, la direction ayant évoqué un trou de 9 millions d'euros.

Christophe Béranger, président du directoire de Charles Jourdan France et Charles Jourdan industrie, resté à l'écart et parti avant la fin des délibérations s'en tient au mutisme observé par la direction. "Je ne fais aucune déclaration à la presse", répète-t-il aux journalistes.

Les élus locaux dénoncent, quant à eux, "une catastophe économique" pour Romans dont le panneau à l'entrée de la ville rappelle qu'elle fut "capitale de la chaussure de luxe", passée de 4.600 salariés dans le secteur en 1968 à quelque 800 en juin 2005.

"Nous demandons à Jean-Louis Borloo (ministre de l'Emploi) de faire pour le bassin romanais ce qu'il a fait pour relancer la région de Valenciennes", clame Didier Guillaume, président PS du Conseil général de la Drôme, rappelant que l'agglomération de Romans accuse un taux de chômage de 16,7%.

Pour sa part, le maire PS de la ville, Pierre Bertholet n'excluent pas d'organiser avec d'autres élus des "actions spectaculaires" (blocage de gare TGV ou de péage) s'ils ne sont pas entendus.

Malgré tout, la petite fille du fondateur Charles Jourdan, Bénédicte, 54 ans, salariée du groupe, veut encore y croire, confiant avec émotion: "Je ne peux pas imaginer Romans sans la marque Jourdan et sans une activité +made in Romans+".

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