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Agora Distribution (Tati) : les salariés interpellent la nouvelle ministre du Travail

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22 mai 2017

Premier dossier brûlant pour Muriel Pénicaud. Fraîchement nommée au sein du gouvernement d’Edouard Philippe, la ministre du Travail a vu ce lundi les salariés du groupe Agora Distribution (Tati, Fabio Lucci, Degrif Mania et Giga Store) se mobiliser devant ses nouveaux bureaux afin de l’interpeller sur leur sort. Une délégation de l’intersyndicale a été reçue par Muriel Pénicaud. Selon la CFDT, « le ministère du Travail s'engage à soutenir les salariés pour que le groupe Eram prenne ses responsabilités » et il propose en outre des mesures d'accompagnement.


Des salariés mobilisés ce 22 mai devant le Ministère du Travail - Twitter/CFDT


« Nous avons le sentiment d'avoir été entendus, livre Tahar Benslimani, délégué CFDT, à FashionNetwork. Le ministère doit contacter le groupe Eram et les repreneurs potentiels pour les encourager à abonder au PSE. Pour l'instant, il n'y aura que 1 500 euros par salarié licencié pour se former, or on estime qu'une bonne formation permettant de se réorienter coûte entre 10 000 et 15 000 euros. Les futurs acquéreurs peuvent bien faire un geste, puisqu'ils feront de toute façon, à mon sens, une bonne affaire en rachetant Agora Distribution. »

Le financement du futur plan social s’impose comme un point crucial, puisqu’entre 500 et 700 licenciements sont à redouter. Dans une interview donnée à l’AFP il y a quelques jours, l’avocat d’Agora Distribution, Thomas Hollande, mettait en cause un dispositif de la loi Macron, « qui a supprimé l'obligation pour les groupes de financer les PSE de leurs filiales en redressement judiciaire ». Une loi qui « pousse des groupes à abandonner leurs filiales, à les mettre en redressement judiciaire pour ne pas assumer leurs responsabilités ».

Les cinq offres de reprise de ce pôle du groupe Eram, placé en redressement judiciaire, sont jugées décevantes par les syndicats. Les éventuels repreneurs ont jusqu’au 24 mai pour améliorer et déposer leur dossier final au tribunal de commerce de Bobigny, qui les examinera lors d’une audience fixée au 29 mai.

Le 16 mai dernier, ces offres ont été présentées aux représentants du personnel. « Malheureusement, elles sont très en deçà des exigences que porte la CGT », avait précisé le syndicat dans un communiqué. « Agora Distribution, qui a bénéficié de plusieurs millions d’euros d’aide de l’Etat (CICE, etc.), se déclare aujourd’hui en cessation de paiement et fait peser ce choix sur l’ensemble des salariés. 1 700 emplois sont menacés du fait de stratégies commerciales hasardeuses », poursuivait la CGT.

Ces offres émanent du fondateur de Gifi, Philippe Ginestet, et d’un consortium réunissant la Foir’Fouille, Centrakor, Stokomani et Maxibazar. Selon Le Parisien, ce second acteur revaloriserait son dossier : celui-ci portait au total « sur la reprise de 88 magasins et 1 051 salariés, contre 120 magasins et 1 200 salariés pour Gifi ». Le consortium proposerait dorénavant « d’ajouter une vingtaine de magasins à la liste (dont une dizaine resteraient sous l’enseigne Tati) avec une centaine d’emplois supplémentaires préservés, soit presque l’équivalent de son concurrent », analyse le quotidien.

Dans un communiqué publié lundi, Philippe Ginestet affirme quant à lui qu'il va "investir près de 80 millions d'euros (dans cette reprise, ndlr), avec pour objectif de redresser en deux ans l'entreprise. Mais ce n'est pas seulement l'argent injecté qui va redresser Tati, mais bel et bien les 1 300 emplois directs que je me suis engagé à sauver", écrit-t-il. Jusqu'ici, le groupe Ginestet évoquait un investissement de 70 millions d'euros. "Je m'engage à présenter aux salariés de Tati non repris près de 650 postes ouverts au sein de notre siège ou de nos magasins, dès maintenant et dans les 18 mois à venir", poursuit Philippe Ginestet.

Dans l'optique de céder le pôle Agora Distribution, en difficulté, Eram avait nommé en mars le spécialiste du retournement de sociétés Michel Rességuier.

avec AFP

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