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"Chief digital officer", le métier que les grands groupes s'arrachent pour s'adapter au numérique

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AFP
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27 nov. 2015

Les chasseurs de têtes se l'arrachent : le « chief digital officer » (CDO, directeur du numérique), nouveau métier en vogue, est devenu le poste-pivot des grandes entreprises pour s'adapter à la révolution du numérique et éviter de se faire « uberiser » par des start-up plus agiles.

Ian Rogers, le Monsieur Digital de LVMH, vient de chez Apple - Linkedin


Transport, énergie, agroalimentaire, luxe ou encore cosmétiques: aucun secteur n'échappe à la tornade numérique. Pour éviter que leurs modèles économiques ne soient rendus obsolètes (« uberisés ») par de jeunes pousses audacieuses, les grands acteurs de l'économie traditionnelle misent sur le CDO pour insuffler les changements structurels et culturels qui s'imposent.

« Cela fait deux-trois ans que l'on sent une prise de conscience de la nécessité d'avoir un CDO et le mouvement s'accélère », explique à l'AFP Martin Villelongue, directeur de la division numérique du cabinet de recrutement Michael Page, convaincu qu'à terme "la majorité des grandes entreprises » en sera pourvue.

Sorte de chef d'orchestre du numérique, le CDO doit bâtir une vision stratégique mais surtout impulser une meilleure coordination entre les différentes équipes de l'entreprise (techniques, marketing, commerciales,...) pour mettre en oeuvre cette vision.

« Je suis un catalyseur », témoigne à l'AFP Yves Tyrode, CDO depuis 2014 de la SNCF, qui souhaite « exporter les méthodes des start-up dans (ce) grand groupe », qui compte plus de 250.000 collaborateurs.

« Le boulot d'un CDO, c'est beaucoup de transformation culturelle » au sein de l'entreprise mais aussi la volonté « de mieux comprendre les utilisateurs » qu'ils soient clients ou salariés, ajoute cet ancien responsable de l'innovation d'Orange (télécoms), qui a lancé en février dernier un programme de 450 millions d'euros sur trois ans, afin d'accélérer la transformation numérique de l'entreprise publique.

Signe de son importance stratégique, le CDO est directement rattaché au comité exécutif de l'entreprise. « Cela montre qu'enfin - cela aurait dû être fait il y a au moins cinq ans - les présidents et les directions générales ont compris l'enjeu du numérique », explique à l'AFP Vincent Ducrey, cofondateur du think-tank Hub Institute, qui prépare la rédaction d'un « Guide de la transformation digitale » pour la rentrée 2016.

Mais trouver un « directeur du numérique », conforme aux attentes spécifiques de chaque entreprise peut relever de la chasse à courre, tant les profils possédant les qualités nécessaires sont rares et la concurrence intense pour attraper le « mouton à cinq pattes », décrit par les recruteurs.

« Il faut qu'il ait un très bon vécu marketing pour comprendre comment cette transformation doit servir l'activité. Il doit, aussi, bien maîtriser la gestion des talents: comment les recruter, les fidéliser à l'heure où tous les jeunes de grandes écoles n'ont qu'un rêve, intégrer » les Google et autres Facebook, souligne Vincent Ducrey, sans parler d'une culture internationale et numérique de haut niveau.

Le numéro un mondial du luxe LVMH a ainsi annoncé début septembre le recrutement d'un ancien haut responsable d'Apple, l'Américain Ian Rogers, en tant que nouveau CDO du groupe, tandis que le géant des cosmétiques L'Oréal a nommé à ce poste, Lubomira Rochet, ancienne directrice de Valtech, une société de conseil spécialisée en e-marketing.

Rémunéré entre 150.000 et 250.000 euros annuels, selon les spécialistes, le CDO occupe toutefois un poste intérimaire susceptible de disparaître une fois la transition numérique achevée, estime Martin Villelongue.

« Peut-être que dans deux, cinq ou dix ans, lorsque cette transition numérique aura été faite au sein des entreprises, ces postes auront moins de force », souligne-t-il.

Mais, pour Vincent Ducrey, il s'agit davantage d'un « CDD indéterminé », car une transformation « n'est jamais achevée, tant l'environnement évolue constamment ».

Par Yassine Khiri

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